(Le Nouvel Observateur 15/07/2011)
La ficelle politicienne d'une visite officielle en Chine, en pleine controverse sur le processus électoral au Cameroun, parait tellement grosse pour ne pas être vue de Pékin!
Y'aurait-il donc niché quelque part dans la tête de Paul BIYA et de ses conseillers toxiques, la certitude qu'il puisse lui-aussi (à l'instar d'un Bachar el-Assad en Syrie...) pouvoir se jouer des grandes puissances étrangères, les unes (États-Unis d'Amérique, France, Grande Bretagne...), contre les autres (Chine, Russie, Brésil...)?
Ce serait aujourd'hui le moyen tout trouvé par le dictateur camerounais pour essayer de faire diversion, notamment par rapport à la pression grandissante des premiers, soupçonnés par Yaoundé d'être réticents ou opposés à la probabilité de sa nouvelle candidature à l'élection présidentielle.
Paul BIYA souhaite visiblement plus afficher le soutien ou la neutralité prêtée aux puissances émergentes vis-à-vis de son énième hold-up électoral; et du même coup plus s'afficher avec les leaders et émissaires de ces pays dont il croit (naïvement) plus disposés à entonner avec lui, le vieux refrain de "la non-ingérence dans les affaires intérieures du Cameroun".
Au passage ce serait aussi (songe-t-il) faire d'une pierre deux coups: d'une part réveiller la flamme nationaliste camerounaise, en se montrant distant avec ces «odieux occidentaux», jugés «impérialistes», «interventionnistes» et prêts à faire voler en éclats la précieuse «cohésion nationale camerounaise»; et d'autre part, assurer la survie de sa tyrannie, dont l'extrême longévité pose désormais un véritable cas de conscience aux partenaires et bailleurs de fonds traditionnels du Cameroun.
Ainsi aura-t-il fallu 30 longues années de Présidence ininterrompue à Paul BIYA, pour s'apercevoir que le soutien indéfectible et si souvent vanté à son régime, venant des États-Unis d'Amérique, de la France, ou de Grande Bretagne...pouvait singulièrement être fragilisé par l'émancipation démocratique des autres peuples; et finir (lui-aussi) par se briser sur la muraille de la real politik.
Le printemps arable est clairement passé par là...et tant mieux!
Dès lors penser un seul moment que la Chine, la Russie, le Brésil, ou l'Afrique du Sud pourraient s'encombrer indéfiniment dans les mois avenirs de la défense des intérêts d'un autre régime dictatorial aux abois en Afrique, est aussi naïf qu'un tyran camerounais convaincu de sa grande influence sur l'échiquier diplomatique mondial du fond de son village natal dans la forêt équatoriale camerounaise.
Depuis 30 années la marche du Monde, y compris émergent, s'est faîte sans le Cameroun de Paul BIYA. Elle peut aujourd'hui définitivement s'en passer.
Je vous remercie
Joël Didier Engo
© Copyright Le Nouvel Observateur
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire