Hué lors des funérailles d’André Mba Obale, Paul Biyoghé Mba,
qui se prenait pour «le plus populaire des hommes politiques de
l’Estuaire», a lancé, le 16 mai 2015, par le biais du Mouvement gabonais
pour Ali Bongo Ondimba, un appel à soutenir le chef de l’Eta
En voulant aller s’incliner, le 29 avril dernier, sur la dépouille d’André Mba Obame à «Barcelone», le président du Conseil économique et social s’est rendu compte de son impopularité au sein des populations. Il y avait été «chaudement» accueilli avec des injures et petits projectiles. Celui qui se prenait pour «le plus populaire des hommes politiques de l’Estuaire»
a vu combien les populations ne le portent guère dans leur cœur. Dans
une forme de rétropédalage, Paul Biyoghé Mba a lancé, le 16 mai 2015,
par le biais d’une association dénommée Mouvement Gabonais pour Ali
Bongo Ondimba, un appel à soutenir le chef de l’Etat.
Paul Biyoghé Mba, 62 ans, voulait-il sa revanche ? Voulait-il effacer de la «mémoire» de l’opinion les mauvaises images vues lors de son arrivée et de son départ de «Barcelone»
d’où il avait été éconduit ? Rien en effet ne lui avait été alors
épargné : jets d’eau, de bouteilles plastiques, de pierres, injures,
quolibets,… L’ancien Premier ministre dont le gouvernement avait, pour
la première fois au Gabon, dissous un parti politique, avait du repartir
précipitamment sous la protection de quelques bonne volontés.
Il vient de mobiliser ses parents et amis dans la salle polyvalente
de Bikélé pour montrer à l’opinion d’autres images que celles auxquelles
elle a eu droit à «Barcelone» où il s’était fait caillasser et
huer, avant de rebrousser chemin presque…en courant. La honte ! Le
discrédit ! Le limogeage par la foule en direct ! S’il avait voulu
tester sa popularité pour se présenter éventuellement à l’élection
présidentielle dans quinze mois, le membre du Comité permanent du Bureau
politique du PDG a du ravaler toute ambition nationale. Paul Biyoghé
Mba est réellement impopulaire, aussi bien à Libreville qu’en province.
Et pour cause : d’abord son gouvernement avait, par la voie de son
ministre de l’Intérieur, Jean-François Ndongou, annoncé, en janvier
2011, la dissolution de l’Union nationale ; puis, son gouvernement, par
l’entremise de Jean-François Ndongou, avait interdit la sortie du
territoire à André Mba Obame en juin 2011, alors que celui-ci voulait se
rendre en Afrique du Sud pour des raisons de santé ; enfin, Paul
Biyoghé Mba, sur les conseils de Léon Ndong Ntem, son conseiller
occulte, avait limogé, entre août 2009 et janvier 2012, de nombreux
cadres du pays de leurs responsabilités ou de leurs emplois. Cette mise à
l’écart d’un très grand nombre de hauts fonctionnaires semblait figurer
dans la «feuille de route» qu’il s’était lui-même fixée. Il
est aujourd’hui perçu dans l’opinion comme un égoïste, un homme
politique sectaire et peu porté sur l’intérêt général. Il n’aime mieux
servir que les siens.
«L’opération politique de ce week-end, à la Salle polyvalente de
Bikélé, visait donc beaucoup plus à se refaire rapidement une autre
image dans l’opinion – celle d’un homme porté par certaines populations
-, que l’appel au soutien de la politique d’Ali Bongo», souligne un de ses anciens collaborateurs à la Primature avec lequel il s’est brouillé. Et celui-ci d’ajouter : «tout
cela sonne faux. On est allé chercher des jeunes et des notables pour
venir faire la claque. C’est de l’habillage sans lendemain, car peu de
cadres avec qui il a été à la Primature sont encore avec lui, Biyoghé
Mba est de plus en plus un homme esseulé, en dépit des apparences».
«Avec son Mouvement gabonais pour Ali Bongo Ondimba, Paul Biyoghé Mba,
très marqué par son accueil à Barcelone, s’est finalement résolu à
soutenir Ali Bongo, il souhaitait donc avoir une fenêtre par laquelle il
devait montrer à nouveau une allégeance au chef de l’Etat», analyse un haut fonctionnaire.
Le Mouvement gabonais pour Ali Bongo Ondimba va peut-être permettre à
son fondateur de normaliser ses relations avec le président de la
République. Depuis son départ de la Primature en février 2012 et une
audience en juin 2012, il n’a pas revu Ali Bongo, en dehors de quelques
échanges bien forcés devant les caméras lors de certaines manifestations
politiques ou institutionnelles. Son mandat à la tête du Conseil
économique et social s’achèvera en février 2017.
http://gabonreview.com
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