lundi 11 avril 2011

Les élections en RD Congo : payer pour être candidat !

(Le Potentiel 11/04/2011)

L’année 2011 étant décrétée « année électorale », tout semble être fait pour que le débat sur les conditions minimales à remplir n’ait plus sa raison d’être. Et pourtant, pour « les fanatiques des élections », il aurait été important qu’ils exigent et obtiennent ce que Jeanne-Marie Sindani nomme la réalisation des préalables indispensables et incontournables que sont :
- la sécurité nationale et la fermeture des frontières surtout à l’Est du pays ;
- le recensement de la population (au pays et dans la Diaspora) et la remise de la carte d’identité à tous les citoyens congolais en tant qu’électeurs légitimes identifiés selon la constitution ;
- l’enrôlement des citoyens congolais électeurs ;
- l’identification et la mise à jour du ficher électoral ;
- la sécurité des électeurs et de leurs candidats;
- la citoyenneté /nationalité congolaise et casier judiciaire exempt de tout reproche ou soupçon pour tout candidat ;
- la tenue des élections locales avant les présidentielles et les législatives telle que prévue depuis 2007 ;
- le droit d’électeur pour les citoyennes congolaises et citoyens congolais de la diaspora ;
- l’accès au fonds du Trésor public pour tous les candidats à tous les échelons électoraux,
- l’accès libre et équitable aux medias locaux ;
- la neutralité souveraine des forces armées et de la police, comme conditions démocratiques sine qua non d’un processus électoral transparent et apaise en RD Congo. De nos sources à Kinshasa, nous apprenons que les candidats à la présidentielle et aux législatives devront débourser de grosses sommes d’argent. Pour la présidentielle, les candidats devront débourser 100.000 et pour les législatives 5000 dollars.
D’où viendra cet argent ? Les candidats auront-ils, comme Jeanne Marie Sindani le souhaite, un accès équitable au Trésor public ? Si ce n’est pas le cas, d’où viendra l’argent ?
Dans un pays où la justice distributive n’a jamais été la priorité des gouvernements successifs depuis plus de trois décennies, il est quand même curieux que de telles sommes soient exigées des citoyens et des citoyennes longtemps appauvris !
Dans un pays où l’enrichissement illicite et illégal semble être devenu la règle depuis que « les libérateurs de 1996 » sont aux affaires, nous risquons de tomber dans le piège de la ploutocratie.
Mais une ploutocratie dévoyée. Une exclusion serait en train de se mettre en place, de manière insidieuse. C’est-à-dire que beaucoup d’« exclus » de la gestion des affaires publiques et de la prédation depuis « la guerre de libération » ne pourront pas participer comme candidats aux élections présidentielles et aux législatives, si jamais elles ont lieu.
Pouvons-nous, face à ces sommes qui pourraient être exigées, prétendre que « les futures élections » sont une question de démocratie ? Non. Il s’agit d’autre chose : la consolidation du réseau interne de prédation internationale.

J.-P. Mbelu
© Copyright Le Potentiel

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire