(Le JDD.fr 11/04/2011)
Le président déchu d'Egypte s'est exprimé dimanche dans un message sonore diffusé sur la chaîne al-Arabiya. Il y a rejeté en bloc les accusations de corruption portées contre lui.
Il a fini par rompre le silence pour se défendre. Hosni Moubarak n'avait pas été entendu depuis le 11 février, jour de sa démission survenue après des semaines de pression de la rue. Deux mois plus tard, dans une allocution sonore diffusée sur la chaîne al-Arabiya, l'ancien président égyptien a dénoncé les "campagnes de diffamation" lancées contre lui. "Je ferai respecter mon droit légal à défendre ma réputation ainsi que celle de ma famille", a déclaré Hosni Moubarak, assigné à résidence à Charm el Cheikh. Il affirme que les informations qu'il a données au parquet égyptien montreront qu'il ne possède ni avoirs financiers, ni biens immobiliers à l'étranger, et que les précisions données sur les comptes en banque de ses fils, Alaa et Gamal, montreront qu'ils n'ont réalisé aucun profit illégal. Il s'est dit victime d'une "campagne injuste" et affirme en avoir "beaucoup souffert".
Cette allocution intervient alors que, depuis le vendredi 8 avril, et tout le week-end, des manifestants se sont de nouveau rassemblés place Tahrir, haut lieu de la "Révolution du Nil". Des heurts ont fait un mort. Le peuple y réclamait le jugement d'Hosni Moubarak et des responsables de son régime accusés de corruption, et un retour de l'armée dans les casernes afin de transférer rapidement le pouvoir à la société civile. Ce lundi matin, quelque 200 personnes étaient encore présentes sur la place pour manifester contre le maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées à qui Hosni Moubarak a remis le pouvoir en partant, et qui fût pendant vingt ans son ministre de la Défense.
Réactions de la Justice
Après les déclarations de l'ancien "raïs", le parquet a très vite annoncé dans un communiqué sa convocation dans le cadre d'une enquête sur le détournement de fonds publics et l'usage de la force contre les manifestations anti-régime, dans lesquelles environ 800 personnes ont trouvé la mort. Le parquet a aussi annoncé la mise en détention pour quinze jours d'Ahmed Nazif, ancien Premier ministre d'Hosni Moubarak, accusé de malversations financières.
L'armée a bénéficié d'un large soutien depuis qu'elle assume les pouvoirs, suite à la démission de Moubarak. Mais les plaintes se multiplient, bien qu'elle ait promis des élections législatives libres et démocratiques en septembre. Certains manifestants accusent l'armée de collusion avec des proches de Moubarak et affirment qu'elle cherche à éviter que certains de ses ex-collaborateurs soient traduits en justice.
Pour assurer la bonne volonté du nouveau gouvernement de traduire les anciens du régime en justice, le ministre de l'Intérieur Mansour-al-Issawi a déclaré qu'Hosni Moubarak et ses fils pourraient être arrêtés s'ils ne se rendent pas à la convocation de la justice. La date de la comparution reste à définir, mais s'ils refusent de comparaître, le "procureur en sera notifié et les mesures légales seront prises", a précisé le ministre cité par l'agence officielle Mena.
Julie Sabatier (avec agences) - leJDD.fr
Lundi 11 Avril 2011
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