(Le Monde 15/04/2011)
Contrairement à une information communiquée en début d'après-midi, Charles Blé Goudé, le chef des jeunes patriotes, l'un des piliers du régime de Laurent Gbagbo, n'a pas été appréhendé jeudi 14 avril. Patrick Achi, le porte-parole du nouveau gouvernement ivoirien, qui avait annoncé sa capture, s'est rétracté : "les premières informations que j'avais n'ont pas été confirmées par la suite" a-t-il expliqué.
Charles Blé Goudé avait été nommé ministre de la jeunesse et de l'emploi dans le gouvernement Gbabgo. Mais c'est avant tout un meneur d'hommes. Casquette vissée sur la tête, écharpe aux couleurs du drapeau ivoirien autour du cou, ce tribun a toujours eu le sens des formules chocs pour enflammer son jeune auditoire, prêt à le suivre jusqu'au bout. Dans les derniers jours avant la chute de Gbabgo, il faisait le tour des quartiers de la capitale économique ivoirienne pour haranguer ses partisans et les inviter à se "tenir prêts" à se battre "pour la diginité et la souveraineté" de son pays.
Né en 1972 à Guibéroua (Centre-Ouest), la région de Gbagbo, cet ancien secrétaire général de la puissante et sulfureuse Fédération estudiantine de Côte d'Ivoire (Fesci), a accédé aux premiers rôles à la faveur du coup d'Etat manqué de septembre 2002 contre Laurent Gbagbo. En compagnie d'une bande d'amis, il crée alors "la galaxie patriotique", résolue à défendre le chef de l'Etat contre les rebelles et le "néo-colonialisme" français. Surnommé "le général de la rue", il fut le fer de lance des violentes manifestations anti-françaises de 2003 et 2004 dans les rues d'Abidjan.
Mi-mars, au début de l'offensive du camp d'Alassane Ouattara, il avait appelé les sympathisants des Jeunes Patriotes à s'enrôler dans l'armée : "J'appelle tous les jeunes de Côte d'Ivoire à se présenter au quartier général de l'armée lundi à 7 heures pour s'enrôler", avait-il déclaré devant 10 000 de ses partisans, lors d'un rassemblement organisé à Abidjan .
Son organisation de jeunesse a été accusée d'inciter à des attaques contre les civils et les casques bleus de l'Onu. Lui-même est visé par des sanctions de l'ONU depuis 2006.
Quelques jours avant la chute de son mentor, il avait appelé, depuis un lieu tenu secret, à un "dialogue inter-ivoirien", prévenant qu'il n'y aurait "pas de réconciliation sans" M. Gbagbo. Depuis son arrestation le 11 avril à l'Hôtel du Golf, ce dernier a été transféré hors d'Abidjan, en lieu sûr, selon le nouveau président Alassane Ouattara.
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