(L'Express 15/01/2013)
A
coups de communiqué et de tweets, les shebab affirment toujours que l'otage
français Denis Allex est en vie et soulignent le fiasco de l'opération qui
visait à le libérer dans la nuit de vendredi à samedi.
L'opération
française pour faire libérer Denis Allex, un agent français de la DGSE enlevé le
14 juillet 2009 à Mogadiscio par des insurgés islamistes, s'est soldée samedi
par un échec. Deux soldats français ont été tués et le commando n'a pas trouvé
de trace de l'otage. Depuis, les shebab ont publié des photos d'un homme qu'ils
présentent comme un soldat français et jouent la carte du suspens à propos du
sort de Denis Allex, qu'ils disent en vie. L'Express fait le point.
L'échec de l'opération
Il y a un mois, alors que Paris avait "un
maximum de certitudes" sur le lieu où se trouve Denis Allex, François Hollande a
décidé de lancer une opération pour le libérer. Un bâtiment de guerre est alors
déployé au large de la Somalie. Cinq hélicoptères avec une cinquantaine d'hommes
du service action de la DGSE à leur bord, atterissent à environ trois kilomètres
de Bulomarer, ville sous contrôle islamiste au sud de Mogadiscio, où doit se
trouver l'otage. Leur présence est rapidement repérée par des habitants qui
s'empressent de prévenir les shebab.
Selon Libération, les géôliers
déplacent alors Denis Allex et engagent de violents combats. Ils dureront 45
minutes et se solderont par la mort de deux soldats français et 17 Somaliens
selon Paris, qui concède que les troupes françaises ont fait face à une
résistance "plus forte que prévu". De leur côté, des témoins parlent de huit
civils tués.
>> Pour Christophe Barbier, le ministre de la Défense
Jean-Yves Le Drian devra répondre du "fiasco" qui s'est déroulé dans la nuit de
vendredi à samedi
Denis Allex est-il en vie?
"Tout nous laisse à
penser que l'otage a été assassiné", a dit ce lundi le ministre de la Défense
Jean-Yves Le Drian. De leur côté, les shebab, qui ont toujours affirmé que
l'otage était en vie -sans en apporter la preuve- ont annoncé le même jour
qu'ils étaient parvenus à "un verdict unanime" concernant son sort. "Les détails
de ce verdict et des informations relatives aux évènements ayant conduit à
l'opération de secours bâclée seront publiés dans les heures à venir, si Dieu le
veut", disent-ils dans un communiqué.
Macabre mise en scène
Deux
heures plus tard, les shebab publient sur Twitter des photos du cadavre d'un
homme, qu'ils présentent comme le chef du commando ayant échoué à libérer
l'otage.
L'une d'elle montre le corps d'un homme jeune, du sang séché
sur le visage, portant une chaîne et une croix chrétienne. Elle porte la légende
suivante: "Le commandant français tué durant l'opération de secours bâclée à
Bulomarer".
Sur une autre image, qui montre le corps en plan plus large,
entouré d'un véritable arsenal, la légende se fait plus provocatrice: "François
Hollande, cela en valait-il la peine?". Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a
dénoncé une mise en scène "particulièrement odieuse", tandis que Laurent Fabius
a condamné "l'instrumentalisation des assassinats".
Quelques heures
auparavant, Jean-Yves Le Drian avait fait part de ses craintes quant à
l'utilisation d'images de cadavres par les shebab. Il ne s'est malheureusement
pas trompé.
Par Cécile Casciano avec AFP mis à jour le
15/01/2013 à 00:20
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