lundi 4 avril 2011

Burkina Faso - Le vent du printemps arabe souffle sur le Burkina Faso

(Affaires Stratégiques 02/04/2011)

Confronté depuis une semaine à des mutineries au sein de son armée, Blaise Compaoré, président du Burkina Faso, a rencontré, hier, les représentants des différentes composantes des forces armées, mais aussi des professionnels de la justice, magistrats, juges, avocats, greffiers pour tenter de mettre fin à la crise sans précédent qui sévit dans le pays. L’opposition estime qu’il doit quitter le pouvoir car il n’est plus en mesure de faire face à la situation.
Blaise Compaoré est arrivé au pouvoir, en 1987, par un coup d’Etat contre le capitaine révolutionnaire Thomas Sankara. Par cet acte, il s’est attiré les foudres d’une bonne partie du peuple burkinabé et de l’intelligentsia africaine lui reprochant d’avoir fait du Burkina Faso, une terre de répression et d’impunité.
Fraichement réélu à la tête du pays en octobre 2010, avec plus de 80% des voix, il commence ce nouveau mandat de cinq ans par une forte contestation de son autorité.
Les troubles qui tendent à se généraliser aujourd’hui sont partis, tout d’abord, d’un soulèvement d’étudiants. A la suite du décès de l’un des leurs qui a été battu et torturé par les forces de police lors de son interpellation dans un commissariat local après qu’une plainte ait été déposée contre lui, les étudiants ont voulu dénoncer le climat de terreur que fait régner la police, en organisant une marche pour exprimer leurs colères. Mais les policiers ont tiré sur les manifestants, faisant six morts donc quatre étudiants. Pour éviter une propagation de ces troubles, le gouvernement a décidé, le 14 mars, de la fermeture de toutes les universités du pays.
Après les étudiants, ce fut au tour des soldats de prendre la relève, suite à la condamnation de cinq des leurs dans une affaire de mœurs. Pendant plusieurs jours, ils ont manifesté leur colère dans plusieurs endroits du pays et demandé la libération leurs frères d’armes. Cette contestation a fini par installer l’inquiétude au cœur du régime que l’on disait tenu d’une main de fer. L’armée, véritable pilier du régime, s’en est pris aux édifices publics et au domicile privé du ministère de la Défense, un signe qui ne trompe pas quant au malaise ambiant qui règne en ce moment. La libération des soldats arrêtés et l’engagement de la hiérarchie à ne pas poursuivre les mutins, sont les deux revendications des insurgés.
Prenant la menace au sérieux, Blaise Compaoré a lancé, dans un discours prononcé à la télévision, le 30 mars 2011, un appel au dialogue et a promis des réformes qu’il mettrait immédiatement en œuvre. Il a, également, libéré les cinq soldats alors que la justice les avait condamnés à des peines de prison ferme allant de 12 à 15 mois et à plus de 3,5 millions de FCFA d’amende et reçu.
Fait rarissime, un débat a été organisé entre le président et les militaires et sous-officiers de l’armée pour que chacun puisse exprimer son ressentiment. Blaise Compaoré s’est dit satisfait d’avoir eu l’occasion d’évoquer avec les soldats les préoccupations qu’il juge essentielles, à la fois pour renforcer le commandement dans l’armée, mais aussi pour améliorer leurs conditions de vie et de travail. Mais les défenseurs des droits de l’homme s’élèvent contre cette nouvelle tentative d’impunité. Le Mouvement burkinabé des droits de l’Homme et la Fédération internationale des droits de l’Homme ont, dans une déclaration commune, appelé le gouvernement à faire face à ses responsabilités. Ces appels mettent dans une position très inconfortable, un gouvernement qui ne veut pas s’aliéner la loyauté des militaires. Jugeant le président dans l’incapacité de remplir ses fonctions face aux contestations, l’opposition a demandé au Conseil constitutionnel et au premier ministre de constater la vacance du pouvoir, de manière à ce que le président quitte ses fonctions.

Sources : News.abidjan, Jeuneafrique, Rfi
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