lundi 25 janvier 2010

Congo : Le MCDDI sans Bernard Kolélas

Il est assez tôt, quelques semaines après le décès de son président fondateur, Bernard Bakana Kolélas, d'imaginer ce que sera le Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI) dans les mois et, peut-être, les années à venir. En revanche, il n'est pas trop tôt pour se pencher sur les scénarii possibles que peut vivre cette formation politique, l'une des plus emblématiques de l'arène congolaise de ces vingt dernières années.

Sans doute, après le retrait du deuil en mémoire de « Ya Békol » qu'ils ont observé dans la dignité, les dirigeants et militants du MCDDI se retrouveront-ils pour faire le point et restructurer les instances de leur mouvement. L'approche des futures échéances électorales les y oblige. La question qui se pose cependant, au regard de ce qui se passe dans les autres partis confrontés à
ce récurrent problème de succession, est de savoir si les anciens collaborateurs de Bernard Bakana Kolélas auront les ressorts nécessaires pour garder allumée la flamme unitaire du MCDDI dont la présidence intérimaire est aujourd'hui assurée par Brice Parfait Kolélas, le fils du «vieux».
La chose essentielle, lorsque l'on parle du fonctionnement du MCDDI, est tout de même de retenir que vingt années après sa création, cette formation politique n'a jamais tenu de congrès.
L'on se souvient encore des décisions fortement critiquées de son fondateur, de retour d'exil, qui décida de la restructuration du mouvement au moyen de notes prises d'autorité. Par ailleurs, la crise de croissance que traversent tous les partis politiques congolais sans exception pourrait ne pas épargner la formation de Brice Parfait Kolélas, qui devra justement se préoccuper de faire en sorte que la disparition du père fondateur du MCDDI n'affecte nullement l'unité de celui-ci.
Quelle peut donc être la thérapeutique qui conviendrait le mieux pour ressourcer ce parti ? Est-ce le retour en son sein d'anciens ténors qui se brouillèrent naguère avec Bernard Kolélas, à l'exemple de Claude Alphonse Nsilou et de Michel Mampouya ? Est-ce l'organisation d'un historique congrès inaugural pour laver en famille un linge que l'on pourrait imaginer sali du fait des difficultés de parcours enregistrées depuis quelques années ? Pour l'heure, rien de bien concret n'est perceptible, les dirigeants du MCDDI demeurant pour le moins avares de commentaires sur ces sujets précis.
Toujours est-il que pour le moment, la deuxième grande formation politique du Congo des années post-Conférence nationale souveraine de 1991 garde une certaine notoriété dans le Pool et au sud de Brazzaville, les milieux dans lesquels elle paraît le mieux implantée. Cette donne survivra-t-elle à la bataille qui s'engagera sous peu dans le cadre du renouvellement des mandats des députés à l'Assemblée nationale ? La question reste posée, tout comme elle devrait interpeller les responsables actuels de ce parti.
L'on sait, en effet, que le Rassemblement citoyen de Claude Alphonse Nsilou a des raisons de croire en ses chances de glaner encore des voix sur ce terrain électoral de plus en plus ouvert qu'il a désormais en partage avec le MCDDI. Pour sa part, le Parti pour la sauvegarde des valeurs républicaines de Michel Mampouva ne baissera pas les bras, en dépit de lourds échecs qu'il a alignés durant les derniers rendez-vous électoraux.
Dans le même ordre d'idées, l'UDR-Mwinda de Guy Romain Kinfoussia n'a jamais dit que ces «fiefs » du Pool et du sud de Brazzaville n'étaient pas aussi les siens. Son aile rivale, pilotée par le fils Milongo, Stéphane, n'a pas encore dit son dernier mot.
Que dire alors des ambitions du Conseil national des républicains de Frédéric Ntoumi Bintsamou à qui plus rien n'interdit de convoiter la plus haute marche du podium électoral à ce niveau ? Que dire des intentions des individualités et personnalités indépendantes qui pourront chacune jouer sur leur charisme personnel pour conquérir des voix dans cette partie du territoire congolais que notre confrère satirique «La Rue Meurt» désignait à l'époque sous un label fort amusant de «Poolailler» ?
Les mois à venir permettront à coup sûr de savoir ce qu'il en est réellement et surtout quel sera le coq qui chantera le premier et le plus fort.
Publié le 25-01-2010 Source : brazzaville-adiac.com Auteur : brazzaville-adiac.com

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