(Canoë 02/04/2012)
QUÉBEC – Alors que le présumé génocidaire Léon Mugesera doit être de retour devant le tribunal rwandais lundi pour son audience préliminaire, sa famille affirme ne pas avoir eu de nouvelles de lui depuis sa déportation. Ça fait maintenant plus de deux mois que Léon Mugesera a été expulsé du Canada, deux mois pendant lesquels la famille de l'homme accusé de génocide, d'incitation au meurtre et de trafic d'armes n'a eu aucun contact avec lui. «Moi même, je ne suis pas au courant de ce qui se passe parce que je n'ai aucun contact avec lui, a lancé Gemma Uwamariya, la conjointe de M. Mugesera. Ils l'empêchent de m'appeler et je ne peux pas l'appeler.»
Les proches du déporté ont vu Léon Mugesera pour la dernière fois le 22 janvier dernier, alors qu'il était incarcéré au Centre de prévention de l'immigration à Laval. Il attendait à ce moment la décision de la Cour supérieure du Québec, devant laquelle il contestait son avis d'expulsion. «Ils ne nous ont même pas laissés lui dire au revoir quand nous étions à l'aéroport», a-t-elle déploré.
Suite des procédures
Sa conjointe affirme ne rien savoir sur l'étape qui doit être franchie lundi au Rwanda. Léon Mugesera avait demandé un délai de deux mois le 2 février dernier pour se préparer en vue de son procès, mais aussi pour se trouver un avocat. «Je ne sais même pas s'il a un avocat», a lancé sa conjointe.
Lors de sa dernière comparution, M. Mugesera était assisté d'un avocat rwandais, mais souhaitait évaluer la possibilité d'être défendu par un procureur étranger.
Le New Times de Kigali révélait le 21 mars dernier que l'homme accusé d'avoir livré un controversé discours incitant au génocide en 1992, près de deux ans avant le début du massacre, refusait d'être interrogé dans sa langue maternelle, le kinyarwanda. L'ex-réfugié politique exigeait que le tout soit fait en français.
Fâchée contre le Canada
Gemma Uwamariya, qui s'est abstenue à plusieurs reprises de dire le fond de sa pensée pour ne pas «nuire» à son conjoint, a toutefois laissé paraître à plusieurs reprises sa frustration à l'endroit du gouvernement conservateur.
«Je m'ennuie de mon mari que ton pays a renvoyé, a-t-elle dit. C'était un réfugié qui réclamait juste la vie.»
«Je suis triste. Je suis consternée par ce que le Canada a fait [...]. Ils m'ont séparée de l'homme que j'aime. Ils ont fait de mes enfants des orphelins», a-t-elle ajouté.
La comparution de Léon Mugesera survient à quelques jours de la semaine marquant la 18e édition de la commémoration du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda.
Agence QMI
Nicolas Saillant
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