(Le Pays 13/02/2012)
Bamako est à la reconquête du Nord. On s’y attendait, on y est. L’armée malienne a lancé une vaste contre-offensive dans le Nord du pays contre les positions arrachées et tenues par les rebelles du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA). Reste à espérer que ces combats épargnent les populations civiles. En tout cas, ATT a décidé de durcir le ton.
On peut dire que le Général qui sommeillait quelque peu, a repris du service. Cette riposte vaut son pesant psychologique. Si l’armée réussit sa mission, le moral des rebelles en prendra sûrement un coup dur. L’autorité de l’Etat sera restaurée. Et chose non moins importante, la confiance des Maliens en la force de leur armée, en la capacité de leurs autorités à assurer leur sécurité avec tous ses corollaires, pourra renaître. Tout échec de l’armée serait si désastreux qu’on n’ose même pas en imaginer les conséquences. De toute façon, les autorités maliennes ne pouvaient, sous peine de perdre définitivement la face et ce faisant, de se discréditer, continuer de regarder ces rebelles faire la pluie et le beau temps dans la partie Nord du pays. L’autorité de l’Etat a été suffisamment foulée aux pieds. L’armée a été déshonorée. Le Général ATT, malgré son appétence pour le dialogue, a dû se rendre à l’évidence. Comment négocier avec des gens qui n’ont aucun respect pour l’Etat ? Aucun homme d’Etat, digne de ce nom, ne peut faire preuve de passivité ou de mollesse quand l’intégrité du territoire est en jeu. C’est dire qu’au regard de la tournure qu’ont prise les évènements, la contre-offensive militaire était la seule solution dont dispose le président malien pour faire entendre raison au MNLA et ses affidés. Les attaques meurtrières et la chute subséquente de localités aux mains des rebelles ne sont pas acceptables pour des autorités qui se respectent. Qui plus est, ATT est un Général-président, fût-il en fin de mandat. Certes, le Mali tout comme de nombreux Etats de la zone sahélo-sahélienne d’ailleurs, n’a pas encore assez fait pour améliorer substantiellement les conditions de vie des populations du Sahel. Beaucoup d’efforts sont encore à faire pour le Sahel qui, dans l’ensemble, ne bénéficie pas des mêmes égards que les autres zones, de la part des autorités. Il faut plus d’investissements dans le Nord-Mali. Cela, les futures autorités du pays devront en faire une priorité de leurs mandats. C’est dire qu’il faut œuvrer à réduire la pauvreté des populations, terreau fertile pour les mouvements de contestation de l’autorité centrale. Aussi, il y a lieu de ne pas fermer la porte du dialogue. Bien au contraire. Tant qu’il est possible d’éviter la violence, de résoudre les conflits de façon pacifique, il faut le faire. Du reste, au Mali, cette option reste encore sur la table. Les forces vives maliennes prônent le dialogue et c’est probablement dans la même veine que l’Union africaine prévoit l’envoi d’un émissaire dans le pays. Mais, on ne saurait faire une apologie aveugle de la non-violence face à des individus qui ne s’embarrassent pas de moyens pour ôter, à coup d’attaques armées, les vies innocentes de leurs concitoyens. En attendant et en espérant donc trouver les voies et moyens pour un dialogue franc, sincère et productif avec les membres du MNLA, les dirigeants doivent tout mettre en œuvre pour restaurer l’autorité de l’Etat sur l’entièreté du territoire. L’une des missions majeures des autorités d’un Etat qui se respecte, c’est de veiller à préserver l’intégrité de cet Etat, y compris en recourant à la force légitime et légale si besoin en était. Peut-être qu’une fois affaiblis suite à l’assaut de l’armée, les rebelles touaregs reviendront à de meilleurs sentiments, qu’ils accepteront la main tendue de ATT en se rendant à la table des négociations. Cet affaiblissement nécessite en plus de la contre-offensive militaire, le concours des populations et de tous les partenaires du Mali. C’est dans ce sens que l’intervention des autorités burkinabè pour recadrer les choses suite à la récente sortie médiatique d’un rebelle touareg réfugié au Burkina, est à saluer. Le contraire n’aurait pas été correct. Il n’est pas de bon ton pour un Etat qui déclare tout son soutien à un voisin en difficulté, d’abriter sans conditions ceux qui mettent le feu à la case de celui-ci. Son appel au dialogue n’ayant pas eu l’effet escompté, le général ATT a visiblement changé son fusil d’épaule. Objectif, mettre au pas ces rebelles et récupérer le terrain cédé.
C’est un vrai défi si l’on connaît la forte capacité de nuisance de ces rebelles armés jusqu’aux dents et dont les accointances avec Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) lui-même en lien avec Boko Haram, ne sont plus qu’un secret de Polichinelle. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le général n’a pas tort de bander les muscles. On ne badine pas avec l’intégrité d’un territoire national.
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