(L'Express 16/04/2011)
Des dizaines de millions de Nigérians ont voté samedi massivement à l'élection présidentielle, tandis que les premiers résultats placent le président sortant Goodluck Jonathan en tête.
Jonathan possèderait une avance confortable dans la capitale Lagos, dans le delta du Niger et dans certaines zones du sud-ouest.
L'explosion de deux bombes, tôt dans la matinée, dans la région instable de Maiduguri, a dans un premier temps perturbé le scrutin dans cette province du nord-est du pays, avant que le calme ne finisse par revenir, à l'image du climat régnant en ce début de week-end au Nigeria.
L'élection oppose le président Goodluck Jonathan, premier chef d'Etat issu du Delta du Niger, dans le Sud pétrolifère, à Muhammadu Buhari, qui dirigea la junte militaire au début des années 1980, issu du Nord majoritairement musulman du pays.
Parmi les autres candidats, Nuhu Ribadu, ex-président de la commission de répression de la corruption, et Ibrahim Shekarau, gouverneur de l'Etat de Kano (nord), sont considérés comme des outsiders.
Depuis la fin de la junte militaire, en 1999, le Nigeria, géant d'Afrique plus peuplé que la Russie, n'a jamais connu de scrutin présidentiel libre et équitable, et nombre de ses 150 millions d'habitants ne croient guère aux bénéfices de la démocratie.
Mais le déroulement relativement correct des élections législatives il y a une semaine, jugées crédibles par les observateurs en dépit d'incidents isolés, a redoré le blason de la CENI, la commission électorale indépendante, et redonné foi dans sa capacité à tourner la page des scrutins passés.
La campagne électorale s'est déroulée dans un climat apaisé, éloignant les craintes que l'affrontement dans les urnes entre Goodluck Jonathan, chrétien de 53 ans, et ses adversaires musulmans du Nord ne polarisent les tensions religieuses dans un pays où chrétiens et musulmans représentent à peu près le même poids démographique.
"Si le Nigeria s'en sort bien, cela aura un impact positif sur le reste du continent et prouvera au reste du monde que l'Afrique est capable de gérer ses processus électoraux", note l'ancien président ghanéen John Kufuor, qui dirige la mission d'observation de l'Union africaine.
A l'inverse, un échec aurait des "conséquences sinistres" pour le continent africain, ajoute-t-il.
Goodluck Jonathan, ex-vice-président qui a accédé sans scrutin à la magistrature suprême à la mort l'an dernier d'Umaru Yar'Adua, un musulman originaire du Nord, est le favori du scrutin. Sa formation, le Parti démocratique du peuple (PDP), a fait élire tous ses candidats à la présidence depuis 1999.
Mais certains estiment qu'en obtenant un nouveau mandat de quatre ans, Jonathan romprait la règle informelle de rotation entre dirigeants du nord et du sud.
Muhammadu Buhari s'est fait connaître par sa "guerre contre l'indiscipline". La formation dont il porte les couleurs, le Congrès pour le changement progressiste (CPC), est une nouvelle venu.
Lui, en revanche, est un vétéran du jeu politique nigérian. Né en 1942, doyen des candidats cette année, il a dirigé la junte militaire de décembre 1983 à août 1985, lorsqu'il a été renversé par le général Ibrahim Babangida.
Plus de 73 millions d'électeurs potentiels ont été recensés par la commission électorale. Les Nigérians ont pu voter dans les 120.000 bureaux de vote.
Le résultat devrait être connu dans les 48 heures.
Pour l'emporter dès le premier tour, un candidat doit obtenir au moins un quart des voix dans les deux tiers des 36 Etats du pays.
Henri-Pierre André, Olivier Guillemain et Benjamin Massot pour le service français
Par Reuters publié le 16/04/2011 à 20:33
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