(Xinhuanet 03/06/2010)
Le procès de Hissène Habré, ancien président tchadien, exilé au Sénégal depuis sa chute en 1990, ne peut pas "être équitable", a estimé mercredi à Dakar un de ses avocats, Me François Serrès.
Selon l'avocat français, qui tenait une conférence de presse, le contexte de la préparation du procès au Sénégal laisse présager qu'il "ne peut pas être équitable" pour son client.
"Le prix payé pour ce procès (48 milliards de ou 12 milliards de francs CFA, coût estimé du procès) est le prix d'achat de sa condamnation", a soutenu Me Serrès, qui a annoncé qu'il va saisir la Cour Européenne pour condamner l'Union Européenne, un des financiers du procès.
"On assiste dans cette affaire à une manipulation des ONG, y compris des ONG sénégalaises et internationales. Elles manipulent en évidence les victimes pour s'introduire dans un procès qui reflètent la violation des Droits de l'homme de l'Etat du Sénégal", a souligné l'avocat.de commerce" et les victimes qui ont porté plainte contre Habré sont "fabriquées de toute pièce".
Le président de l'ONG dakaroise "Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme" (RADDHO), avait invité la semaine dernière les chefs d'Etat et de gouvernement du continent à tout mettre en oeuvre pour la tenue du procès de Hissène Habré.
L'ancien président tchadien avait été inculpé en 2000 "de crimes contre l'humanité, actes de tortures et de barbarie'" par la justice sénégalaise qui s'est, par la suite, s'est déclarée incompétente.
En 2005, suite aux plaintes de plusieurs victimes en Belgique, un mandat d'arrêt et une demande d'extradition avaient été lancés contre Habré. Le Sénégal a ensuite consulté l'Union africaine sur la juridiction compétente pour juger Habré et lui avait demandé en juillet 2006 de le faire juger, au nom de l'Afrique.
Le Sénégal a alors engagé une série de réformes législatives pour lever les derniers obstacles juridiques à l'ouverture d'un procès.
Considérant qu'un tel procès serait une violation par le Sénégal du principe de "l'autorité de la chose jugée" et de la " non rétroactivité de la loi pénale", les avocats de la défense ont saisi la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest. Celle-ci a déclaré le 14 mai dernier, cette plainte recevable et un jugement sur le fond aura lieu le 18 juin prochain.
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