(Le Pays 04/06/2010)
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les choses vont sérieusement se compliquer pour le fils du défunt Président guinéen Ousmane Conté.
Une lettre du Président américain adressée au Congrès, le met à l’index comme parrain de la drogue dans son pays. Il figure comme quatre autres personnes sur la liste noire des narcotrafiquants, réactualisée régulièrement et que le Congrès va examiner. S’il est considéré comme tel, on peut dire que c’en est fini de la vie de fils à papa ou plutôt de fils à président qu’il a menée impunément jusque- là. Sa prison de Conakry serait un palace par rapport à ce qui l’attend s’il tombait un jour entre les mains de la justice américaine.
Tout ce qu’il risque actuellement, c’est la saisie de ses biens aux Etats-unis. Mais rien ne dit que dans la traque américaine des narcotrafiquants, il ne soit demandé un jour son extradition. Tout dépend de l’importance du réseau auquel il appartient. Ce rebondissement dans le dossier de Ousmane Conté, montre si besoin en était, la justesse de la croisade du chef de la junte militaire qui a pris le pouvoir en Guinée contre les trafiquants de drogue et la corruption, l’une étant la fille de l’autre. Dadis Camara, deux mois seulement après sa prise du pouvoir, avait fait arrêter le fils du Président Conté. On avait un temps, cru à la chasse aux sorcières, mais Dadis Camara, officier de l’armée guinéenne, connaissant le système Conté et réputé de surcroît être dans le cercle des anciens amis du fils de l’ancien Président, était bien placé pour démonter ce réseau qui sévissait à partir de la Guinée.
Une consolation pour cet officier, plein de bonnes intentions pour son pays mais qui s’est malheureusement laissé happer par les vertiges du pouvoir. De sa retraite anticipée à Ouagadougou, il peut avoir la satisfaction d’être sur la même longueur d’ondes que le premier des Américains, Barack Obama , de lui avoir même donné un coup de pouce dans cette guerre que l’Amérique a déclarée aux narcotrafiquants qui menacent la santé des populations, déstabilisent les Etats et mettent leur économie sous coupe réglée.
En Guinée, sous Conté, le terrain était propice pour ces magnats de la drogue qui avaient une couverture, en la personne du fils du chef de l’Etat. Ousmane Conté a d’ailleurs publiquement reconnu son implication dans le commerce de la drogue même s’il a nié en être le parrain. Il aura probablement tout le loisir de se défendre et de prouver ce qu’il soutient. Dadis Camara, lui en tout cas, aura fait sa part de boulot. A Barack Obama et aux autres de jouer leur partition.
Abdoulaye TAO
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