(L'Express 12/06/2012) L'état de santé de l'ancien président égyptien s'est
détérioré depuis sa condamnation à la perpétuité, le 2 juin. Dans un climat
tendu à la veille du second tour de la présidentielle, de nombreux Egyptiens
s'interrogent sur cette coïncidence, et critiquent le traitement de faveur dont
il a bénéficié.
L'état de santé de l'ancien président égyptien, Hosni
Moubarak, s'est détérioré depuis sa condamnation à la perpétuité. Les polémiques
autour de son procès continuent d'agiter la scène politique à quelques jours du
second tour de la présidentielle, les 16 et 17 juin. Les partisans de l'ancien
raïs demandent son transfert vers un hôpital. Mais, pour une partie des
Egyptiens, ses problèmes de santé servent à susciter la pitié et à amadouer les
juges.
Quelque 200 partisans d'Hosni Moubarak ont manifesté, samedi 9
juin, devant le siège de l'Autorité pénitentiaire égyptienne pour obtenir le
transfert de l'ancien président dans un hôpital, comme cela était le cas avant
sa condamnation. L'état de santé de l'ancien raïs, âgé de 84 ans, serait
inquiètant depuis qu'il a été condamné à vie, le 2 juin, pour avoir ordonné de
tirer sur les manifestants lors de la révolution de l'an dernier.
Difficultés à respirer
L'ancien président souffre d'une
dépression et d'hypertension selon l'agence officielle Mena. Il aurait des
difficultés à respirer et devrait porter un masque à oxygène et ne pourrait
consommer que des yaourts et des aliments liquides, d'après certains
responsables des services de sécurité. Hosni Moubarak est apparu lors de son
dernier procès derrière ses lunettes de soleil et allongé sur une civière. Selon
les services de sécurité, il se serait mis à pleurer lorsqu'il est descendu de
l'hélicoptère qui l'a mené du tribunal à la prison de Tora.
Selon Abdel
Razek, le procureur général, il n'y aurait aucun obstacle à un transfert de
Moubarak de l'aile médicalisée de la prison de Tora, au Sud du Caire, vers un
hôpital. L'Autorité pénitentaire doit, cependant, donner son accord.
Mais la sortie de prison de l'ancien homme fort de l'Egypte pourrait
enflammer davantage la rue égyptienne. Avant même l'information indiquant que
Moubarak pourrait être déplacé, après le jugement du 2 juin, des milliers de
personnes ont défilé dans les rues du Caire et d'Alexandrie. Et le QG cairote du
candidat à la présidentielle Ahmad Chafiq, dernier Premier ministre de Moubarak,
a également été attaqué.
Hosni Moubarak et son ancien ministre de
l'Intérieur, Habib al-Adli, -passibles de la peine capitale- ont été condamnés à
la perpétuité (le parquet a annoncé qu'il ferait appel). Mais en revanche, six
hauts responsables de la police poursuivis pour meurtres pendant la révolte qui
a fait près de 850 morts début 2011 ont été acquittés. Ces verdicts ont provoqué
la colère des manifestants.
Luxueux hôpital militaire
La santé du
président déchu a souvent fait l'objet de controverses. Depuis qu'il a quitté le
pouvoir en février 2011, des informations contradictoires ont circulé à ce
sujet. Le 13 avril 2011, il avait dû être hospitalisé après un malaise cardiaque
pendant un interrogatoire. Deux mois plus tard, à la veille d'un autre procès,
un communiqué affirmait qu'il souffrait d'un cancer. Désormais, les médias
locaux évoquent la dépression, quelques jours après sa condamnation...
Certains en déduisent que Moubarak a sciemment été présenté affaibli
devant la cour lors de son dernier procès pour éviter la peine de mort qui était
requise contre lui. D'autres estiment que l'ancien président a bénéficié,
jusqu'au verdict, du 2 juin d'un traitement de faveur.
Depuis août
dernier, il était en effet installé dans un luxueux hôpital militaire du Caire
où sa femme, Suzanne, et sa famille pouvaient lui rendre visite aisément. Il
pouvait se faire livrer des plats commandés chez le traiteur et aller nager
quotidiennement.
A l'approche du second tour de la présidentielle, les
16 et 17 juin, pour lequel s'affrontent un candidat des Frères musulmans,
Mohammed Morsi, et le dernier Premier ministre de Hosni Moubarak, Ahmad Chafiq,
l'Egypte reste hantée par l'ère Moubarak...
Par Marina Rafenberg, avec
agences
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