(Le Nouvel Observateur 26/06/2012)
TUNIS (Reuters) - La justice tunisienne a confirmé lundi en appel la condamnation à sept ans de prison d'un jeune Tunisien qui avait mis en ligne sur Facebook des caricatures du prophète Mahomet.
Jabeur Mejri a été condamné le 28 mars dernier pour trouble à l'ordre public et atteinte à la morale, un jugement confirmé par la cour d'appel de Monastir.
Un autre prévenu, Ghazi Beji, a été condamné par contumace.
L'avocate de Jabeur Mejri a critiqué le verdict qui montre à ses yeux que la justice tunisienne reste inféodée au politique, dix-huit mois après la "révolution de jasmin" qui a provoqué la chute du président Zine Ben Ali en janvier 2011.
"C'est une peine très sévère qui suggère que la justice tunisienne ne s'est toujours pas débarrassée des ingérences politiques", a déclaré Bochra Belhaj Hmida à Reuters.
"C'est injuste et cela anéantit la vie d'un jeune chômeur. Le juge n'a fait preuve d'aucune indulgence", a-t-elle dit.
Berceau du "printemps arabe", la Tunisie est aujourd'hui gouvernée par les islamistes d'Ennahda, ce qui crée des tensions avec la partie laïque de la population qui redoute de voir se réduire les libertés publiques.
Le gouvernement affirme qu'il est de son devoir de défendre la décence publique, mais ses détracteurs laïques estiment qu'il utilise le système judiciaire pour sanctionner ceux qui ne suivraient pas sa ligne religieuse orthodoxe.
Il y a deux semaines, les salafistes, défenseurs d'une ligne ultraorthodoxe, ont déclenché des émeutes pour protester contre une exposition d'art contemporaine jugée offensante pour l'islam.
En mai, le directeur de la chaîne de télévision privée Nessma, Nabil Karoui, a écopé d'une amende pour avoir diffusé le film de la réalisatrice franco-iranienne Marjane Satrapi "Persepolis" dans lequel figure une représentation de Dieu, ce qu'interdit l'islam.
Zoubeir Souissi et Lin Noueihed; Jean-Stéphane Brosse pour le service français
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