(La Depêche.fr 02/04/2011)
Les combats ont fait rage hier à Abidjan entre les forces du chef de l'État sortant Laurent Gbagbo qui refusait encore hier d'abdiquer et celles de son rival Alassane Ouattara vainqueur des élections, reconnu par la communauté internationale
La bataille d'Abidjan a commencé. Après avoir traversé le pays sans résistance et pris la capitale politique Yamoussoukro, les forces d'Alassane Ouattara, le président élu le 28 novembre, ont investi Abidjan dès jeudi soir. Hier, toute la journée, les combats contre les forces d'élite de l'ex-président Gbagbo ont redoublé. Les rafales de kalachnikov et les tirs d'arme lourde se sont succédé à un rythme soutenu. Certains d'une très forte intensité ont fait trembler les murs des immeubles alors que les rues étaient désertes, les habitants restant terrés chez eux.
Loin de céder à la pression des armes, M. Gbagbo aurait quitté sa résidence pour regagner le palais, cœur du pouvoir situé dans le quartier du Plateau, en plein centre d'Abidjan, tandis qu'un de ses porte-parole répétait inlassablement qu'il n'abdiquerait pas. « Il ne démissionnera pas et il n'en sortira pas vivant », a même assuré un de ses amis les plus proches, l'ancien responsable socialiste français Guy Labertit. Alors que la ville a été livrée à la violence et aux pillages, quelque 150 ressortissants français et 350 étrangers d'autres nationalités ont été accueillis sur le camp de Port-Bouët de la force française Licorne à Abidjan.
Un professeur français a été tué par balle à Yamoussoukro sans que l'on sache si sa mort est liée aux combats dans le pays ou s'il s'agit d'un crime crapuleux. Une Suédoise employée de l'ONU a été également été tuée par balle à Abidjan. La France déconseille « formellement » les voyages en Côte d'Ivoire, où vivent 12 200 de ses ressortissants, dont 11 800 à Abidjan. La Mission de l'ONU) a de son côté affirmé que son siège avait été « l'objet de tirs nourris ». Les troupes de l'Onuci ont riposté. Laurent Gbagbo, au pouvoir depuis 2000, ne s'est pas exprimé publiquement depuis des semaines. « Il faut qu'il se rende pour éviter un bain de sang. On espère qu'il le fera, sinon on viendra le chercher là où il est. S'il démissionne, c'est bien, sinon il sera traduit devant la justice internationale », a averti Guillaume Soro, Premier ministre de M. Ouattara.
Dans le même temps, la France a demandé à Laurent Gbagbo de se retirer « immédiatement ». Mais le camp Ouattara n'est pas exempt de critiques : l'ONU craint de « graves violations des droits de l'homme » commises par les soldats, en particulier dans l'ouest du pays où selon le CICR 800 personnes auraient été tuées dans des violences intercommunautaires.
Publié le 02/04/2011
LaDepeche.fr
© Copyright La Depêche.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire