12/09/2011 à 09h:50 Par Jeune Afrique
Le président guinéen Alpha Condé a dénoncé la "complicité" des gouvernements gambien et sénégalais dans l’attaque contre sa résidence en juillet qu’il qualifie "d’attentat". Des accusations diffusées dimanche par une radio privée sénégalaise.
Les accusations contre le Sénégal et la Gambie sont lourdes, et susceptibles de créer certaines tensions diplomatiques. Le président guinéen Alpha Condé a dénoncé, dans un entretien diffusé dimanche par Sud-FM, une radio privée sénégalaise, la « complicité » de ces deux pays dans l’attentat dont il a été la cible en juillet.
« Je pense qu'il y a la complicité du gouvernement sénégalais comme du gouvernement gambien, même s'ils disent qu'ils ont manqué de vigilance », a affirmé le président guinéen. « Tout a été préparé à Dakar », reprend-il, faisant référence à l’attaque de sa résidence par des militaires, le 19 juillet à Conakry.
Lors de cette attaque, un membre de la garde présidentielle avait été tué et deux autres blessés. Suite à l'attentat, 38 personnes (25 militaires et 13 civils) ont été arrêtées dans le cadre de l'enquête, 37 d'entre elles sont poursuivies pour « attentat contre la sûreté de l'État » et « tentative d'assassinat » du président, a indiqué le parquet général de Conakry.
L’un des principaux responsables selon Alpha Condé appartient au parti de son plus fervent opposant, Cellou Dalein Diallo. « Nous savons très bien que le numéro 2 de l'UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée), Bah Oury (Amadou), qui a fui, nous savons très bien qu'il a été un des principaux organisateurs ici » en Guinée, a accusé le président. Qui précise que les réunions de préparation de « l'attentat » contre sa personne se déroulaient à l'Hôtel Méridien Président de Dakar.
Mais Alpha Condé met aussi en cause Cellou Dalein Diallo, ainsi qu'un homme d’affaires proche du général Sékouba Konaté (le chef de la transition guinéenne) et un ex-ministre secrétaire général à la présidence guinéenne qui « est tout le temps en Gambie ». Tous se trouvent actuellement à l’étranger.
"Cela ne pouvait pas se faire à leur insu"
« J'ai clairement dit au ministre (sénégalais des Affaires étrangères) Madické Niang et au ministre des Affaires étrangères de Gambie que j'estime (...) que les choses ont été préparées à l'hôtel (Méridien) Président à Dakar, qu'il y a des va-et-vient en Gambie et que j'estime que cela ne pouvait pas se faire à leur insu », a dénoncé Alpha Condé.
Ses allégations ont été immédiatement rejetées par la présidence sénégalaise. « Il ne peut être question d'implication du Sénégal dans des problèmes de déstabilisation de la Guinée. (...) Le Sénégal abrite deux millions de Guinéens, 300 000 Sénégalais sont en Guinée », a rétorqué le porte-parole de la présidence, Serigne Mbacké Ndiaye.
« Le président Wade - et ça, le président Alpha Condé en est conscient - s'est beaucoup investi (...) pour que la Guinée puisse assurer une transition et aller vers des élections transparentes », a-t-il poursuivi. Selon lui, aucun des deux gouvernements, sénégalais et gambien, ne peut être tenu responsable de réunions privées. Du côté de Banjul, aucune réaction n’avait encore filtré dimanche.
Le président guinéen n’est pas réputé proche de ses deux homologues gambien et sénégalais. Mais une chose apparaît déjà comme certaine : ses accusations risquent de provoquer de vives tensions avec les deux États concernés, dont les présidents avaient assisté à l’investiture d’Alpha Condé.
(Avec AFP)
Jeuneafrique.com
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