(Le Monde 12/09/2011)
L'ancien président Jacques Chirac et son ex-bras droit Dominique de Villepin ont décidé, dimanche soir, de déposer plainte en diffamation contre l'avocat Robert Bourgi, qui les accuse d'avoir reçu des fonds occultes de dirigeants africains. "A la suite des propos tenus ce jour par M. Robert Bourgi, le président Jacques Chirac m'a demandé de déposer plainte pour diffamation", a déclaré son avocat, Me Jean Veil.
Dans le Journal du dimanche, l'avocat d'origine libanaise Robert Bourgi, 66 ans, décrit avec un luxe de détails des remises de fonds de la part de responsables politiques africains qu'il aurait opérées auprès de l'ex-président Chirac et de l'ex-premier ministre français Dominique de Villepin entre 1997 et 2005. "Il est pour le moins suspect et pour tout dire scandaleux que M. Bourgi ait attendu que le président Chirac ne soit plus en mesure de se défendre pour soulager son âme délicate du poids écrasant qui, semble-t-il, pesait sur sa conscience depuis tant d'années", a commenté Me Veil.
Les accusations de l'avocat franco-libanais interviennent alors que le procès des emplois présumés fictifs de la Ville de Paris a débuté le 5 septembre, en l'absence de l'ancien président, ancien maire de la capitale française, dispensé d'assister aux audiences en raison de son état de santé. Elles surviennent en outre quelques jours avant l'arrêt de la cour d'appel de Paris dans l'affaire Clearstream, un scandale politique où Dominique de Villepin est accusé d'avoir diffamé le président français Nicolas Sarkozy. M. Villepin a ensuite annoncé, dimanche, sur la chaîne France 2 qu'il allait également porter plainte contre M. Bourgi. "Les accusations qu'ils portent sont graves, scandaleuses, détaillées comme tous les mauvais polars, et c'est pour cela que comme Jacques Chirac, je porterai plainte contre lui", a déclaré l'ancien premier ministre.
Dans Le Parisien, M. Bourgi réagit : "Je suis surpris que Jacques Chirac, frappé d'amnésie pour les affaires de la Mairie de Paris, retrouve subitement la mémoire pour porter plainte contre moi." Le porte-parole de la présidence sénégalais s'en est pris aux propos de Robert Bourgi. "Je voudrais démentir de la manière la plus formelle ces affirmations de Robert Bourgi", a déclaré Serigne Mbacké Ndiaye, porte-parole et ministre à la présidence. "Tout ce qu'il a dit, en tout cas en ce qui concerne le Sénégal, c'est faux, archifaux, totalement faux, dénué de tout fondement", ajoute Serigne Mbacké Ndiaye. "Comme toute l'opinion, je me demande ce que vaut maintenant la parole de Robert Bourgi. Et deuxièmement, je me demande qu'est-ce qui le fait courir", a poursuivi Serigne Mbacké Ndiaye, promettant une réaction plus détaillée dans un communiqué dans les prochaines heures.
En revanche, l'ex-numéro 2 du régime du président déchu Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire, Mamadou Koulibaly, a abondé dans le sens de M. Bourgi, affirmant, dimanche, que quelque trois millions d'euros avaient bien été transférés d'Abidjan à Paris pour financer la campagne électorale de Jacques Chirac en 2002. Cet ancien proche de M. Gbagbo est actuel président de l'Assemblée nationale ivoirienne.
LEMONDE.FR avec AFP
12.09.11
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