vendredi 18 juin 2010

Djibouti, Ethiopie, Sénégal, Tchad - L'Afrique s'engage pour la "Grande Muraille verte"

(Le Monde 18/06/2010)
Onze pays africains, réunis pour un premier sommet sur le sujet, ont rappelé jeudi 17 juin à N'Djamena (Tchad) leur engagement à développer la Grande Muraille verte qui doit, à terme, enrayer l'avancée du désert. Cette large bande de verdure suivra un tracé de plus de 7 100 km entre Dakar et Djibouti à travers ces onze Etats (Burkina Faso, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Soudan et Tchad).
"La GMV devrait voir le jour d'ici trois à cinq ans selon les pays", a affirmé Abakar Mahamat Zougoulou, coordinateur tchadien de l'événement, précisant que certains pays comme le Sénégal étaient plus avancés que d'autres. "Aucun budget n'a été défini" pendant le sommet de N'Djamena, qui doit déboucher sur la création de l'Agence panafricaine de la Grande Muraille verte, a-t-il ajouté. "La Grande Muraille verte est un projet conçu par les Africains pour les Africains et pour les générations futures. C'est une contribution de l'Afrique à la lutte contre le réchauffement climatique", a affirmé le président tchadien Idriss Déby Itno. "Cette initiative, si c'est un sacrifice, il faut le consentir pour les générations futures", a-t-il lancé, rappelant que "le continent africain, qui émet le moins de gaz à effet de serre, est l'un de plus vulnérables aux effets néfastes du changement climatique".
Il a ainsi demandé à la communauté internationale d'"accompagner les pays de la Grande Muraille verte dans cette œuvre d'importance capitale". "Le désert est un cancer qui progresse (...). C'est pour cela que nous avons décidé ensemble de mener cette bataille titanesque", a déclaré le président sénégalais Abdoulaye Wade, un des initiateurs du projet. "Avec la Grande Muraille, nous avons en perspective l'arrêt du désert mais au-delà la colonisation du désert", a-t-il assuré, ajoutant : "Nous n'avons plus le droit de regarder impuissamment la destruction de l'Afrique."
DISPARITION DES TERRES FERTILES
La bande sahélienne est actuellement touchée par une grave crise alimentaire, la pire depuis trente ans selon plusieurs observateurs, qui soulignent que petit à petit le désert grignote les terres fertiles. La communauté internationale suit le projet de près, et le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) a promis jeudi une aide. "Nous affectons une allocation à chacun de vos pays. Le niveau de cette allocation varie en fonction du pays. Le montant varie de 6,6 millions de dollars (5,3 millions d'euros) à 23 millions de dollars (18,7 millions d'euros). Le montant cumulé d'aide du FEM pour la Grande muraille verte s'élève à environ 119 millions de dollars (environ 97 millions d'euros)", a affirmé Monique Barbut, présidente du FEM. "Au-delà du financement direct, le Fonds pourra servir de catalyseur pour encourager d'autres bailleurs à s'intéresser à la Grande Muraille verte", a-t-elle espéré.
En 2007, le projet a été "entériné par l'Union africaine, qui en a fait une réponse de l'Afrique au problème de la désertification", selon le ministre de l'environnement tchadien, Hassan Terap.
Les onze pays veulent impliquer leurs voisins septentrionaux, comme l'a souligné le président Déby, en appelant les "pays du bassin forestier [du Congo] à se joindre aux pays de la Grande Muraille verte, car la désertification du Sahel provoquera la disparition du bassin forestier du Congo". Ce bassin est considéré comme le deuxième poumon de la planète après l'Amazonie.

LEMONDE.FR avec AFP
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