(Afriscoop 04/04/2011)
(AfriSCOOP Dakar) — Le dernier Premier ministre du régime socialiste Mamadou Lamine Loum juge exorbitantes les dépenses consenties dans la construction d’infrastructures pour le sommet de l’organisation pour la conférence islamique (OCI) sur la corniche ouest de la capitale sénégalaise. Il y a bien des surcouts extraordinaires a-t il dit sur la radio privée Rfm ce dimanche.
« Des surcouts et surfacturations c’est clair qu’il y en a eu » a dit l’ancien Premier ministre de Abdou Diouf. Selon lui, ce sont « les couts prohibitifs des investissements qui ont empêché des milliers de sénégalais d’avoir de l’eau potable d’électrification des services hospitaliers » poursuivant qu’entre « les couts objectifs et les couts réalisés il y a eu des surcouts » Le dernier Premier ministre de Abdou Diouf a démonté ce que le régime de Abdoulaye Wade a présenté comme des performances. Même s’il a concédé des bons points au régime de l’alternance, c’est pour mieux souligner que presque partout, son gouvernement avait déjà réalisé les études et obtenu les financements grâce à la bonne tenue des finances publiques. Il a critiqué cette importante masse d’argent que le gouvernement a consenti à la réalisation d’infrastructures qui n’est pas la seule priorité. « Le tunnel une offre sans demande des populations, un rêve d’enfance, d’adolescent ou une coquetterie » a indiqué Mamadou Lamine Loum.
Sur la crise énergétique qui frappe le pays il dit l’avoir prédit en 2001 quand il présentait le livre blanc sur la situation financière du Sénégal. Il avertissait contre ce qui allait être une catastrophe avec la résiliation du contrat avec Elio Hydro-Québec par « les mains inexpertes » de l’alternance. Il pense que la solution durable ne peut pas venir avant 2012 avec un gouvernement qui tape à l’aveuglette. Pour lui, la solution qui consiste à taxer les appels entrants pour financer le fonds de l’énergie n’est pas la bonne.
Dans ce qu’il appelle le socle d’un nouveau départ que sont les travaux des Assises nationales dont il est le modérateur, le citoyen sera à la fois priorité, finalité cible et acteur. « Une philosophie politique qui change totalement et qui met le citoyen au centre. » pour M. Loum qui s’est adonné à un réquisitoire implacable du régime, il y a un consensus qui est rompu sur les règles du jeu et qui produit de la violence. « Les contre pouvoirs ne fonctionnent pas, les institutions sont vassalisées par l’exécutif, la Constitution tripatouillée à tout bout de champ, les médias précarisés, une administration politisée, dérangée dans sa neutralité et plutôt soumise au pouvoir hiérarchique qu’à la légalité, des corps de contrôle qui ne sont pas suivis dans leur réquisitoire contre la mauvaise gestion. » M. Loum n’accuse pas seulement les libéraux au pouvoir pour tout cela que les Assises doivent réparer pour de bon.
M. Loum s’est demandé s’il y a une corrélation entre le budget qui a été doublé et la prise en charge des besoins des sénégalais. « Je ne suis pas fier de tirer 1100 ou 1500 milliards des poches de mes concitoyens si j’en ai pas un meilleur usage que celui qu’ils en feraient s’ils restaient dans leurs poches le budget a doublé mais est ce que les soins ont doublé dans les hôpitaux ; qu’est ce qui est gratuit est ce qu’ on a des performances dans l’éducation qui nous amènent a avoir un double de la qualité d’enseignement est ce que l’agriculture a doublé ? » s’est demandé M. Loum. Il a rappelé aussi que le régime socialiste l’avait déjà fait, de 1993 à 2000 les recettes ont doublé, passant de 250 à plus de 500 milliards, rappelant qu’un budget qui croit à 10% par an double tous les dix ans. Il n’a pas manqué de recadrer l’actuel président de la République qui a récemment affirmé que le Sénégal a atteint l’autosuffisance alimentaire. M. Loum rappelle que « nous importons 400.000 tonnes de blé et presque 700.000 tonnes de riz encore » ce qui signifie qu’on en est encore loin.
Par Macoumba BEYE
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