(Radio Canada 03/04/2011)
Toujours disputée entre les camps Gbagbo et Ouattara, Abidjan connaissait une accalmie, dimanche matin. Repliés sur les symboles du pouvoir, les partisans du président sortant Laurent Gbagbo, à l'image de leur chef, n'entendent pas céder.
Les forces du président reconnu par la communauté internationale, Alassane Ouattara, ont pourtant conquis le reste du pays entre lundi et jeudi sans rencontrer de résistance. Mais après trois jours d'intenses combats dans la capitale économique, le camp Gbagbo occupe toujours le palais présidentiel, la résidence de Laurent Gbagbo et la télévision d'État RTI.
Depuis samedi soir, seuls quelques tirs d'armes lourdes ont retenti, notamment dans le quartier du Plateau, où se trouve le palais.
Selon ses partisans, Laurent Gbagbo est toujours dans sa résidence du quartier de Cocody. Cette information n'a toutefois jamais été confirmée de source indépendante.
Samedi soir, il apparaissait souriant et discutant avec ses proches à l'antenne de la RTI. Toute la journée, la chaîne avait été mise au service du régime qui appelait à la mobilisation des militaires et des civils. En soirée, la télévision diffusait des images d'un rassemblement de plusieurs centaines de personnes qui scandaient : « Respectez le pouvoir de Gbagbo! »
Sur le terrain, le rapport de force était toujours toutefois à l'avantage des troupes pro-Ouattara.
Washington appelle à la fin des exactions
Ces combattants font face à des accusations de possibles « graves violations des droits de l'homme » dans l'ouest du pays de la part de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI).
Dimanche, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a exhorté le camp Ouattara à cesser les exactions. « Nous appelons [...] les forces du président Ouattara à respecter les lois de la guerre et à cesser les attaques contre les populations civiles », a-t-elle déclaré. « Les forces du président Ouattara doivent se montrer à la hauteur des idéaux et de la vision exprimés par leur chef élu », a-t-elle souligné.
Elle a réitéré que Laurent Gbagbo devait « se retirer immédiatement », estimant que son refus de partir conduisait le pays à « l'anarchie ».
L'organisation non gouvernementale Médecins sans frontières (MSF) s'est quant à elle inquiétée du nombre élevé de nouveaux blessés affluant dans les hôpitaux de l'ouest du pays. Elle a estimé que les « violences continuaient dans cette zone » six jours après le début de l'offensive pro-Ouattara. « Les tensions intercommunautaires sont extrêmement vives et les violences sont présentes et graves », a insisté le responsable des urgences de MSF, Renzo Fricke, cité dans le communiqué.
Vendredi, la force française Licorne a pris le contrôle de l'aéroport de la ville, succédant à ONUCI, et Paris a dépêché 300 soldats en renfort dans le pays. Plus de 1500 ressortissants étrangers se sont réfugiés dans le camp de Licorne.
Selon l'ONUCI, quatre Casques bleus qui effectuaient une mission humanitaire ont été grièvement blessés samedi par des militaires de Laurent Gbagbo dans les environs du quartier Plateau.
La force Licorne, qui compte maintenant 1400 hommes, a pour mission principale de soutenir l'ONUCI et d'assurer la sécurité des Français et étrangers en territoire ivoirien lors des conflits.
La victoire d'Alassane Ouattara à l'élection présidentielle du 28 novembre a été reconnue par la commission électorale ivoirienne et la communauté internationale. Validée par les Nations unies, elle a été rejetée par le Conseil constitutionnel, dirigé par un partisan de Laurent Gbagbo.
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