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Les Lions indomptables abordent la Coupe du monde dans une ambiance délétère. Entre guerre intestine et rendement sportif insuffisant.
6e minute de jeu à Covilha mardi soir, Samuel Eto’o est expulsé du match amical face au Portugal (1-3). Deux jaunes en une minute qui disent l’extrême nervosité qui habite le capitaine camerounais à douze jours du premier match des Lions Indomptables face au Japon. Au sens plus large, ce nouveau revers a mis en évidence la sécheresse de leur jeu. Qui découle sans nul doute d’une atmosphère de plus en plus pesante au sein du groupe à l’approche de l’atterrissage en Afrique du Sud.
On évoque des clans, une perte d’autorité de Paul Le Guen et l’ego d’Eto’o à gérer. C’est Roger Milla, son plus illustre prédécesseur, qui a allumé la mèche la semaine dernière, critiquant vertement la liste du sélectionneur et celui qu’il a promu capitaine à son arrivée, en juillet 2009, quand Rigobert Song portait le brassard depuis de nombreuses années. « La transition a été trop brusque. Mais ça fait un an qu’il est capitaine. A lui de montrer qu’il est légitime », assure Patrick Mboma, une autre légende camerounaise. Ce n’est pas son expulsion caractérielle face au Portugal qui va aider Eto’o dans cette tâche.
Le Guen est isolé
Une CAN manquée (élimination en quart par l’Egypte), aucune victoire depuis le 17 janvier, c’est largement assez pour rendre nerveuse la sélection. Le lendemain de la tumultueuse sortie de Roger Milla, Eto’o s’est même interrogé sur le bien fondé de sa venue en Afrique du Sud. « Je n'ai pas besoin de ça dans ma carrière », a-t-il soufflé. Pas forcément le message fédérateur et exemplaire attendu d’un capitaine. A la réflexion, il sera évidemment de l’aventure. Le dialogue s’est poursuivi par médias interposés. A Milla la parole : « J’ai seulement dit à mon petit frère de prouver qu’il était bien le meilleur avant-centre du monde. S’il l’a mal pris je m’en tape », a-t-il enchaîné. Avec quelle légitimité ? Patrick Mboma répond. « Milla a beaucoup œuvré pour cette équipe et il a le droit de s’exprimer. (…) Mais le timing n’est pas idéal pour une guerre froide entre nos deux illustres n°9. C’est le terrain qui doit l’emporter et Roger n’y est pas », décrypte l’ancien Parisien.
Au sein du groupe, les discours appellent au calme, comme celui du gardien Idriss Kameni : « On va éviter toute polémique et se concentrer sur le Mondial. » Facile à dire. Mais l’ambiance semble viciée, au point d’alerter l’état à son plus haut niveau : « Au nom du gouvernement, je tiens à rassurer l’ensemble des joueurs, en l’occurrence leur capitane, qu’ils ont le soutien de tout le peuple camerounais, » a fait savoir Michel Zoah, ministre camerounais des Sports. Il était même mardi soir au Portugal « afin d’adresser personnellement à Samuel Eto’o le message d’encouragement et de soutien du chef de l’Etat Paul Biya ». C’est donc une affaire d’Etat.
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