mercredi 20 février 2013

Togo - LIBERATION DE DETENUS POLITIQUES AU TOGO: à quand le tour de Kpatcha ?

(Le Pays 20/02/2013) Kpatcha Gnassingbé sera-t-il bientôt libéré ? En tout cas, trois de ses co-accusés ont obtenu, la semaine dernière, une remise de peine à Lomé. Début de décrispation et geste d’apaisement ? A Lomé, serait-on devenu subitement attentif aux nombreuses critiques ? On sait en particulier que la presse et les organisations de défense des droits humains n’ont pas toujours été tendres envers le régime du président Faure Gnassingbé. En France, des ténors du Parti socialiste au pouvoir ont même soutenu que la démocratie était bafouée au Togo. Avec les dernières mesures de remises de peines, les choses semblent bouger dans le bon sens.Adjinon Kossi Lambert, Towbeli Kouma et Pali Afeignindou avaient été jugés et condamnés le 15 septembre 2011, pour complot contre la sûreté intérieure de l’Etat en avril 2009. Au cours du procès, Adjinon Kossi Lambert et Pali Afeignindou avaient écopé de cinq ans de réclusion, et Towbeli Kouma, de 15 ans. Ils auraient introduit des demandes de grâce auprès du président de la République. Le chef de l’Etat avait décidé, après avis du Conseil supérieur de la magistrature, d’accorder une remise de peine aux trois requérants. Les dernières mesures du pouvoir togolais pourraient présager de la future libération de Kpatcha Gnassingbé, frère aîné de l’actuel chef de l’Etat. Les deux fils du défunt général-président se sont longtemps tiraillés pour prendre la succession de feu le père Eyadema. Accusé à un moment donné d’avoir tenté de fomenter un complot en vue de renverser le régime actuel, Kpatcha s’est retrouvé au fond des geôles de son héritier de frère. Depuis, nombre de manifestants ont réclamé sa libération et celle de ses co-détenus. L’on s’attend à le voir libéré mais, véritablement, la patience demeure pour certains un vrai chemin d’or.
Depuis l’annonce faite le jeudi 14 février par la télévision nationale, citant une source de la présidence, les familles concernées attendent avec impatience que les portes des prisons s‘ouvrent grandement. Cela, pour le grand bien de ceux qui y croupissent, le plus souvent pour des raisons purement politiques. Trop de dossiers noirs assombrissent la belle image du Togo depuis des années. Il est temps de desserrer l’étau. Car, tout se passe comme si les caciques du pouvoir togolais s’étaient réfugiés dans une sorte de fuite en avant sécuritaire, laquelle les contraindrait aujourd’hui, à vouloir redorer le blason terni.
En tout cas, l’Afrique des démocrates aura beaucoup été déçue par Faure Gnassingbé. On aura longtemps et inutilement attendu de lui cette perestroïka à la togolaise qui aurait pu libérer les énergies créatrices d’une jeunesse écœurée d’attendre. Un vrai coup de barre, un réel changement aurait pu épargner à ce pays ces multiples convulsions qui l’ont caractérisé des années durant, occasionnant de sérieux retards, et incitant de nombreux jeunes cadres à prendre le chemin de l’exil malgré eux. Comme dans toute aventure de ce genre, au finish, le jeune successeur se sera donc fait avaler par la vieille garde de son père. De sorte que les choses ne semblent guère évoluer dans ce pays. Certains continuent de toujours prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages. C’est oublier que demain, il faudra bien rendre compte au peuple togolais, mais aussi à la communauté internationale qui est depuis longtemps scandalisée par ce qui se passe dans ce pays dont l’hymne national magnifie pourtant la paix et la solidarité.
Quelles que soient ses fautes, Kpatcha est avant tout un frère avec lequel il faudrait un jour trouver un compromis de famille. La tradition a des voies pour cela. C’est aussi un citoyen, qui mérite de jour de ses droits civiques. Persister à se regarder en chiens de faïence au point de prendre l’avenir de tout un peuple en otage, n’arrangera rien. Il est temps de se réconcilier, de reprendre ensuite langue avec les opposants de toutes origines, afin de trouver le consensus qui sauvera le Togo. Car Faure ne peut se permettre à la fois de gérer des dissensions dans sa propre famille et d’avoir également sur le dos une opposition très pugnace. On pourra, dès lors, passer à autre chose. La paix n’a guère de prix. Il faut s’y résoudre. Persister dans le chacun-pour-soi, conduira le pays tôt ou tard à sa perte, avec le poids des responsabilités que la postérité reconnaîtra à chacun. A Faure le frère puîné, de faire en sorte que Kpatcha le frère aîné, bénéficie d’un élargissement, quoi qu’en disent certains. ll faut un début à tout processus de réconciliation.

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