mercredi 27 février 2013

Togo - L'ex-PDG d'Elf Le Floch-Prigent est rentré en France après cinq mois de prison au Togo

(Le Monde 27/02/2013) L'ancien patron de Elf Loïk Le Floch-Prigent, libéré mardi après cinq mois de détention provisoire au Togo où il est inculpé de "complicité d'escroquerie", est arrivé mercredi 27 février au matin en France, a annoncé à l'AFP son avocat, Me Patrick Klugman. "Il est arrivé. C'est un un immense soulagement de le savoir en France", a déclaré Me Klugman. Cette arrivée a été confirmée à l'AFP de source aéroportuaire.
"La justice a ordonné ce mardi la libération provisoire de Loïk Le Floch-Prigent pour des raisons de santé", a annoncé à l'AFP le procureur de la République togolaise Essolissam Poyodi. "Mais il reste à la disposition de la justice togolaise", a-t-il précisé. Arrêté en septembre 2012 à Abidjan puis extradé vers Lomé, où il a été inculpé dans le cadre d'une enquête ouverte en mars 2011, l'ex-patron d'Elf, âgé de 69 ans, est soupçonné par la justice togolaise d'être impliqué dans une affaire d'escroquerie internationale.
Un homme d'affaires émirati, Abbas El-Youssef, a porté plainte contre un homme d'affaires togolais, Bertin Sow Agba, l'accusant d'avoir organisé un réseau pour lui soutirer plusieurs millions de dollars, ses membres lui faisant croire qu'ils détenaient la fortune du défunt président ivoirien Robert Gueï, estimée à 275 millions de dollars et bloquée sur un compte en banque au Togo.
ÉVACUATION SANITAIRE D'URGENCE
Abbas El-Youssef estime que M. Le Floch-Prigent "serait le chef d'orchestre dans cette affaire d'escroquerie", selon une source judiciaire togolaise. S'estimant victime de manœuvres, l'ancien grand patron, qui nie toute malversation dans cette affaire, a porté plainte en décembre 2012 et une enquête préliminaire pour corruption a été ouverte par le parquet de Paris. Il a déposé le 18 janvier une nouvelle plainte, cette fois du chef de faux, en estimant que son arrestation avait été rendue possible au moyen d'un trucage le présentant faussement comme ayant été "en fuite".
"Je n'ai évidemment jamais participé à la moindre escroquerie contre celui qui est aujourd'hui le plaignant, Abbas El-Youssef, qui fut mon ami et mon partenaire avant qu'il ne se lance à corps et à fonds perdus dans une rocambolesque chasse aux trésors présumés de dictateurs disparus, à laquelle il a voulu me mêler et dont il voudrait maintenant que j'assume la responsabilité", a écrit M. Le Floch-Prigent en janvier dans une tribune sur le site Internet presumeinnocent.com.
Ses avocats et sa famille ont plusieurs fois demandé son évacuation sanitaire d'urgence vers la France en raison de son état de santé, appel relayé par le ministère des affaires étrangères. Selon ses proches, M. Le Floch-Prigent souffre de carcinomes (une forme de cancer de la peau) à la jambe qui doivent être suivis pour éviter le développement d'un cancer généralisé.
Dans une pétition réclamant sa libération parue au début de février sur Internet et destinée au président togolais Faure Gnassingbé, ses proches déclaraient : "Aujourd'hui Loïk Le Floch-Prigent risque l'amputation et la mort. Ceci n'est plus humainement tolérable." Plusieurs fois condamné par la justice française, M. Le Floch-Prigent a déjà passé deux ans en prison.

Le Monde.fr avec AFP

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