dimanche 30 octobre 2011

Libye. L'Otan se retire lundi

(Le Télégramme 29/10/2011) L'Otan a décidé, hier, de mettre fin, à compter de lundi, à l'opération «Protecteur unifié, lancée le 31mars en Libye pour mettre fin à la répression de la rébellion par les forces du colonel Mouammar Kadhafi, tué le 20octobre.«Le Conseil de l'Atlantique nord, élargi aux représentants des cinq pays non-membres - Qatar, Émirats arabes unis, Maroc, Jordanie et Suède - partenaires de l'opération, a confirmé la décision prise il y a une semaine. L'opération en Libye prendra donc fin le 31octobre. Notre mission militaire est désormais terminée», a annoncé, hier, le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen. L'officialisation de cette décision de principe ne faisait plus de doutes depuis que le Conseil de sécurité de l'Onu avait mis fin, jeudi, au mandat autorisant le recours à la force en Libye. C'est sur la base des résolutions 1970et 1973 du Conseil de sécurité, qui avaient imposé des sanctions au régime du colonelMouammar Kadhafi et autorisé des mesures pour protéger les civils, que l'Otan avait entamé son opération.
«Opération réussie»
L'opération «Protecteur unifié» est «l'une des plus réussies dans l'histoire de l'Otan», s'est félicité Anders Fogh Rasmussen, tout en estimant que la victoire avait été remportée par le peuple libyen. Pour le patron de l'Otan, les Libyens ont toutefois «encore beaucoup de travail à faire pour bâtir une nouvelle Libye fondée sur la réconciliation, les droits de l'Homme et l'État de droit». Le peuple libyen «peut prendre son avenir en main fermement et en sécurité», a relevé AndersFogh Rasmussen. Ce dernier a toutefois voulu rassurer les nouvelles autorités libyennes en affirmant que «le monde restait aux côtés» du peuple libyen. L'Otan pourrait «aider les Libyens à réformer les institutions de sécurité et de défense dont toutes les démocraties ont besoin pour rester libres et en sécurité», a-t-il expliqué.
Seïf Al-Islam toujours introuvable
Le Conseil national de transition avait demandé, mercredi, le maintien de l'Otan au moins «jusqu'à la fin de l'année», assurant que, même après la mort de Mouammar Kadhafi, ses derniers fidèles représentaient une menace pour le pays. D'autant que SeïfAl-Islam, fils de Mouammar Kadhafi longtemps considéré comme son successeur officieux, reste introuvable. Un responsable touareg a assuré que le plus en vue des fils de l'ancien «Guide», âgé de 39ans, s'était rendu, mardi, à la frontière du Niger pour y chercher refuge. De son côté, le procureur de la Cour pénale internationale, LuisMoreno-Ocampo, a affirmé, hier, avoir des «contacts informels» avec lui, «via des intermédiaires», au sujet de son éventuelle reddition à la Cour, qui le recherche pour crimes contre l'humanité. «Le bureau du procureur lui a signifié très clairement que s'il se rendait à la CPI, il aurait le droit d'être entendu devant la cour, il sera innocent jusqu'à preuve du contraire», a indiqué la cour de LaHaye dans un communiqué.
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La France et la Grande-Bretagne en première ligne
L'opération «Protecteur unifié» a mobilisé pendant sept mois jusqu'à 18 pays, La France et la Grande-Bretagne étant en première ligne.
Huit pays de l'Otan et deux pays arabes (Émirats et Qatar) ont participé, dans le cadre de l'opération «Protecteur unifié», aux opérations aériennes offensives en Libye. Les plus engagés ont été la France et le Royaume-Uni, tandis que les États-Unis ont pris une position de soutien actif à partir d'avril. En sept mois, les appareils - avions et hélicoptères- de l'Otan ont mené plus de 26.000 sorties aériennes, dont plus de 9.650 dans un but «offensif», selon un bilan établi cette semaine par l'alliance militaire occidentale. Le nombre de bombardements avait fortement baissé ces deux derniers mois, après la chute de Tripoli. Pour la France, qui a notamment mobilisé des avions Rafale, des hélicoptères Puma et Gazelle, ainsi que son porte-avions Charles-de-Gaulle, le coût direct a été évalué à environ 300millions d'euros par le ministre de la Défense, Gérard Longuet. Le Royaume-Uni a mobilisé, lui, 1.200 soldats tandis ses jets ont effectué plus de 3.000 missions, représentant 1/5e des opérations. La mission lui a coûté 300millions de livres (344millions d'euros), dont 140millions de livres de munitions, selon un porte-parole militaire.
Pas de troupes terrestres
Les dépenses des États-Unis se sont élevées, quant à elles, à 1,1milliard de dollars, essentiellement d'équipements (drones, munitions de précision...). L'Otan n'a pas déployé de troupes terrestres depuis le début de cette opération, lancée le 31mars en application d'une décision du Conseil de sécurité de l'Onu. Certains pays ont toutefois envoyé, hors mission, des soldats, comme le Qatar, qui en a mobilisé plusieurs centaines, selon le chef d'état-major de son armée. Des journalistes et des experts ont également fait état de la présence de forces spéciales occidentales.
6.000 cibles atteintes
Sur mer, plusieurs dizaines de navires de l'Otan ont patrouillé en Méditerranée orientale pour faire respecter l'embargo sur les armes, contrôlant plus de 3.100bateaux, et participer aux missions humanitaires. Quelque 6.000 cibles ont été détruites ou fortement endommagées, dont 1.600 bases militaires, 1.300dépôts de munitions et des centaines de véhicules, de radars ou de lance-roquettes, selon l'Otan. À ce chiffre s'ajoutent les nombreuses infrastructures de la défense libyenne détruites entre le 19 et le 31mars, au début de l'intervention internationale avant son passage sous le contrôle de l'Otan. L'alliance, qui n'a subi aucune perte humaine, ne communique pas sur le nombre de morts provoquées par ces frappes mais estime avoir réussi à limiter au maximum les dégâts collatéraux grâce à des règles d'engagement très strictes.

29 octobre 2011
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