dimanche 30 octobre 2011

Sénégal - EXCLUSIF Neyret : Rencontre à haut risque au Sénégal

(Paris-Match 29/10/2011) Comme nous l’avions révélé sur notre site, le n°2 de la PJ lyonnaise Michel Neyret a profité de son séjour à Marrakech, fin mars, pour rencontrer un escroc lyonnais en cavale. Il s’agit d’Albert Bénichou, frère de Gilles Bénichou, interpellé le même jour que le policier et mis en examen depuis dans l’affaire de corruption impliquant le numéro deux de la Pj lyonnaise. Depuis, nous avons appris que le divisionnaire avait déjà rencontré Albert Bénichou trois mois avant ce voyage marocain, au Sénégal.En ces premiers jours de janvier 2011, Michel Neyret et sa femme s’envolent pour le Sénégal. Comme tous les ans en plein hiver, le directeur adjoint de la Pj et sa femme prennent des vacances au soleil. Depuis quelques années ils partent se reposer au Club Med de Cap Skirring, au sud du pays. Mais cette fois, le commissaire aurait profité de ses congés payés pour rencontrer des criminels d’envergure internationale. Rendez-vous aurait été pris à Saly, la station touristique de la Petite Côte du Sénégal, avec Albert Bénichou, mais pas seulement. Deux autres individus peu recommandables auraient participé à ce rendez-vous à haut risque: un des cerveaux de l’affaire des 111 kg de cocaïne saisie dans un appartement de Neuilly en novembre 2010 et un narcotrafiquant colombien ! Selon nos informations, Albert Bénichou, qui ne peut évidemment pas voyager sous son identité, aurait rejoint Saly en empruntant un jet privé depuis le Maroc. La station balnéaire dispose d’un aérodrome, une simple piste d’atterrissage de terre rouge, bien connue des individus qui veulent éviter les contrôles de police aéroportuaires.
À ce jeu solitaire dangereux peut-être
est-il tombé sur beaucoup plus retors que lui
Depuis le milieu des années 2000, les trafiquants internationaux de cocaïne ont choisi le Sénégal comme principale porte d’entrée de la poudre sud américaine vers l’Europe. La drogue transite ensuite via le Maroc, soit par voie maritime, soit par la Mauritanie. Ce pays sub-saharien est surtout devenu le camp de base principal de l’organisation terroriste AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique). Elle est soupçonnée par les services de renseignements français et étrangers de se financer sur le trafic de cocaïne. Dès 2007, l’Office de lutte contre la drogue et le crime de l’Onu (UNODC) s’inquiétait de ce phénomène dans son « Rapport sur la situation du trafic de cocaïne en Afrique de l’Ouest » : « L’importance grandissante de l’Afrique de l’Ouest comme région de transit et de stockage de la cocaïne est également apparente dans les statistiques des saisies récentes des pays européens et d’Amérique Latine. Sur les 5,7 tonnes de cocaïne saisies de janvier à septembre 2007 en Afrique, 99% ont été réalisées en Afrique de l’Ouest : 2,4 tonnes ont été saisies au Sénégal en juin et presque 1,5 tonne saisie en Mauritanie entre mai et août. » Ainsi c’est à 3 kilomètres de Saly, sur une plage de Mbour, qu’une cargaison d’1,2 tonne de cocaïne est découverte en juin 2007. L’autre tonne était cachée, non loin, dans une crevetterie industrielle. Trois narcotrafiquants sont arrêtés dans une villa sur la plage de Nianing, toute proche : un Equatorien, un Vénézuélien et un Colombien.
Pourquoi donc Neyret aurait-il été, seul, en vacances, au contact de deux trafiquants internationaux de cocaïne ? Quel rôle aurait joué Albert dans cette rencontre ? Mais surtout que serait venu donc faire dans ce rendez-vous un des protagonistes de l’affaire des 111 kg de cocaïne de Neuilly ? C’est par le truchement d’une écoute entre Gilles Bénichou et un des cerveaux de cette affaire que le nom de Neyret est apparu dans le volet trafic international de stupéfiants instruit par le juge Gachon. Cette écoute embarrassante semble être le point de départ de l’enquête de l’IGS sur Neyret… Et pour cause, dans cette conversation interceptée entre ce protagoniste de l’affaire de Neuilly et Gilles Bénichou, ce dernier se serait vanté de pouvoir arranger le sort de son interlocuteur auprès du juge en faisant intervenir Michel Neyret ! Dans le « deal » que voulaient soumettre les deux hommes à Neyret, il aurait été question d’informations sur deux assassinats commis à Paris… Visiblement le « flic à l’ancienne » imaginait pouvoir se frotter à des pointures de la grande criminalité internationale et les maîtriser : à ce jeu solitaire dangereux peut-être est-il tombé sur beaucoup plus retors que lui. Il se murmure que d’autres services que l’IGS se seraient intéressés au cas Neyret bien avant le déclenchement de l’enquête officielle…

Delphine Byrka - Parismatch.com
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