vendredi 28 octobre 2011

Tunisie : Ennahda devient la première force politique du pays

(Le Monde 28/10/2011)

Le parti Ennahda a remporté les élections en Tunisie avec 41,70 % des voix et obtient 90 sièges sur les 217 sièges de la future Assemblée constituante, selon les résultats définitifs publiés, jeudi 27 octobre, par l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE). Les islamistes, qui avaient déjà revendiqué la victoire, deviennent de loin la première formation politique du pays. Ils sont suivis du Congrès pour la république (CPR) de Moncef Marzouki (13,82 % des voix), qui obtient 30 sièges. En troisième position, le parti de gauche Ettakatol (9,68 %) obtient 21 sièges.
La surprise vient des listes Al-Aridah Chaabia, conduites par l'homme d'affaires Hechmi Haamdi, avec 8,19 % des voix et 19 sièges à l'Assemblée. L'ISIE a pourtant invalidé les listes d'Al-Aridah dans six circonscriptions, à Sidi Bouzid, Tatatouine, Sfax, Kasserine, Jendoub et dans la circonscription France-2. Les autorités électorales évoquent notamment "des irrégularités de financement". L'annonce des invalidations a provoqué des heurts dans la ville de Sidi Bouzid, où est né le soulèvement qui a renversé l'ancien président Ben Ali.
Viennent ensuite le Parti démocrate progressiste (PDP) – 7,86 % des voix et 17 sièges – la coalition de gauche du Pôle démocratique moderniste (PDM) – 5 sièges – et l'Initiative, parti dirigé par Kamel Morjane, ex-ministre de Ben Ali, avec 5 sièges.
LE TEMPS DES ALLIANCES
Les résultats définitifs ont tardé à être publiés, et les autorités tunisiennes peuvent désormais s'atteler à la formation du nouveau gouvernement. L'Assemblée constituante sera chargée de former ce nouveau gouvernement et de rédiger la nouvelle Constitution, avant des élections législatives et présidentielle qui devraient intervenir dans un délai d'un an environ.
Avant même la publication des résultats définitifs, Ennahda, qui revendiquait la victoire, avait tendu la main aux partis laïques de centre-gauche qui, selon les estimations, arrivaient derrière lui. Moncef Marzouki du CPR a indiqué cette semaine qu'il était prêt à participer à "un gouvernement de coalition le plus large, dès que possible". Le chef d'Ettakatol, Mustapha Ben Jaafar, a également confirmé l'ouverture de discussions avec les islamistes d'Ennahda.
Les discussions portent notamment sur la désignation du prochain président de la République provisoire, étant entendu qu'Ennahda revendique depuis le début le poste de chef de gouvernement pour leur numéro deux, Hamadi Jebali.
"CONSENSUS"
M. Jebali avait en revanche exclu toute alliance avec Hachmi Hamdi, homme surprise du scrutin. Ennahda lui reproche notamment d'être soutenu par des nostalgiques du RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique), le parti de Ben Ali. Sa chaîne basée à Londre, Al-Mostakilla, est accusée d'avoir adopté ces dernières années une ligne éditoriale favorable à l'ancien autocrate.
Pour dissiper la vive appréhension que suscite sa prochaine accession au pouvoir, Ennahda multiplie les déclarations selon lesquelles la future Constitution ne pourra voir le jour "sans un consensus avec les partis et les partenaires qui y sont représentés". Il n'est pas question, pa martelé Hamadi Jebali, d'"imposer une Constitution (...) qui abroge certaines libertés comme la liberté de croyance, les libertés individuelles, la situation juridique de la femme et sa place dans la société", un des acquis de l'indépendance tunisienne.

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