(AfriSCOOP Lomé) — Le vendredi 4 juin, le tribunal de grande instance de Lomé, par l’entremise du juge Pawelé Sogoyou, a suspendu provisoirement les activités de l’Obuts (Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire), un parti dirigé par l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo. Un verdict condamné unanimement par le Frac (Front républicain pour l’alternance et le changement), mais qui suscite des inquiétudes au sein des contestataires du président Faure Gnassingbé. Depuis début juin, Obuts est sur la sellette au Togo. Une procédure judiciaire ouverte contre le parti de M. Kodjo a conduit à sa suspension provisoire et à la mise sous scellés de son siège. Un verdict qui n’a pas laissé indifférents les leaders du Frac. Ils y voient plutôt un alibi supplémentaire pour intensifier la mobilisation populaire contre le régime qui régente la vie des Togolais, indirectement et directement, depuis 1963.
« Notre lutte pour un Togo démocratique commence en réalité à partir de ce mois de juin. Cette lutte a certes commencé en 1990, mais il est grand temps de ne pas faiblir », a indiqué à AfriSCOOP, Claude Ameganvi, le secrétaire général du PT (Parti des travailleurs).
Pour lui, cette situation n’est que le début d’une stratégie politique visant à terme, à « bâillonner » l’opposition.
« L’interdiction provisoire des activités de l’Obuts est un pas vers l’interdiction de l’Ufc. Si vous vous laissez faire, ce sera le tour de l’Ufc d’être bâillonnée », a-t-il averti.
Jean-Pierre Fabre, candidat malheureux du Frac n’est pas resté en marge de cette solidarité vis-à-vis de l’Obuts : « Nous avons entamé, à la faveur de cette 11e marche de contestation du Frac, la deuxième phase de notre mouvement contestataire. Si le Rpt veut d’un nouveau 5 octobre 1990 (jour du procès contre des étudiants, NDLR) dans sa démarche d’interdiction des activités de l’Obuts, il l’aura. Jamais, nous ne devons laisser la procédure ouverte contre ce parti atteindre sa fin ultime » !
Selon une source judiciaire, cette interdiction provisoire est fondée sur l’article 23 alinéa 1 de la Charte des partis politiques pour « éviter des troubles ». Mais, elle ne peut « excéder une durée de trente jours ».
Le tribunal de Lomé a ainsi déclaré recevable l’action intentée par le sieur Gaston Vidada (« régulièrement exclu » de l’Obuts selon M. Kodjo) et 6 autres démissionnaires. Les “mécontents” prétendent la violation de l’article 11 qui encadre ce qu’on appelle dans le microcosme politique togolais, « la règle des 2/3 ». Il dispose que « les fondateurs d’un parti politique doivent être au minimum au nombre de 30 provenant des 2/3 au moins des préfectures ».
« Cette règle ne prévaut qu’à la constitution d’un parti, mais pas durant toute sa vie. De fait, la plupart des partis politiques au Togo, à commencer par le Rpt seraient à ce jour, illégaux, dès lors qu’ils enregistrent des démissions et des décès », rétorque Agbéyomé Kodjo.
« En s’appuyant sur la démission de 7 membres fondateurs sur les 45 de l’Obuts, provenant de 21 préfectures, le sieur Vidada et affidés demandent abusivement que la justice prononce la dissolution de l’Obuts qui selon eux, par ce fait, serait illégal », ajoute-t-il tout en dénonçant une cabbale politique.
« Gaston Vidada et Kékéli Codjie ont été instrumentalisés pour faire taire l’Obuts. Je lance un appel à la mobilisation de tous les démocrates du Togo et du monde pour faire prévaloir la justice en faveur de notre formation politique. Le Rpt est en train d’accélérer sa propre chute. Persévérez tout juste et le changement que vous appelez de tous vos vœux aura lieu », analysait le 5 juin M. Kodjo.
Ancien baron du Rassemblement du peuple togolais (Rpt, au pouvoir), et « protégé » du défunt président Eyadèma Gnassingbé, Gabriel Messan Agbéyomé Kodjo a publié au début de la décennie écoulée, un brûlot intitulé « Il est temps d’espérer ». Dans ce document, il appelait le Rpt à « courageusement se remettre en cause » pour le bonheur des Togolais.
La publication de cette diatribe a fait tomber Agbéyomé Kodjo en disgrâce. Une situation qui lui vaudra plusieurs années d’exil et un procès après son retour sur sa terre natale en 2005. Pour se lancer dans la course au fauteuil présidentiel du 4 mars dernier, l’ancien Premier ministre avait porté sur les fonts baptismaux l’Obuts. C’était au cours du second semestre 2008.
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