samedi 26 juin 2010

La Guinée-Conakry veut tourner la page

(Ouest-France 26/06/2010)
Après cinquante-deux ans de dictature, le premier scrutin libre de l'histoire du pays va-t-il permettre de concrétiser l'espoir populaire de changement ?
À Conakry, chacun guette des signes. Ceux qui confirment que le scrutin présidentiel de dimanche aura bien lieu et que le pouvoir reviendra, enfin, entre les mains des civils. Il est temps de mettre un terme à l'intermède militaire et d'écarter, définitivement, Dadis Camara et ses sbires qui ont osé faire tirer sur la foule, en septembre.
Samedi, 60 tonnes de bulletins de vote sont arrivées d'Afrique du Sud, par avion spécial. De quoi permettre à chacun des 4,2 millions d'électeurs de mettre un bulletin dans l'urne.
Lundi, alors que le général Sékouba Konaté demandait « pardon pour mes prédécesseurs et tous ceux qui, dans l'exercice de leurs fonctions, ont pu commettre des abus et des exactions », le général nigérian Yakubu Gowon, ancien chef d'État du Nigeria de 1966 à 1975, arrivait à Conakry pour diriger conjointement la délégation d'observation électorale envoyée par le Centre Carter. Autant de signes positifs.
Alpha Condé favori
Parmi les vingt-quatre candidats, un quatuor de tête semble se dégager : Lansana Kouyaté, Sydia Touré, Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé. Deux d'entre eux seront au second tour, le 18 juillet.
Lansana Kouyaté fut nommé Premier ministre, en 2007, avant d'être congédié au bout de onze mois. Sydia Touré a, lui aussi, fait un passage à la primature (1996-1999). Favori de la communauté peule, Cellou Dalein Diallo fut aussi Premier ministre, de décembre 2004 à avril 2006.
Seul Alpha Condé n'a jamais occupé de responsabilités sous l'ancien régime. Opposant historique, candidat aux élections présidentielles de 1993 et de 1998, il fait figure de favori. Dans un ouvrage qui vient de paraître, il livre sa vision du « changement » : « Satisfaire les besoins fondamentaux de l'homme, se nourrir, se soigner, s'instruire, se loger. » Vaste chantier, dans un pays où 55 % de la population vivent au-dessous du seuil de pauvreté.

samedi 26 juin 2010
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