jeudi 24 juin 2010

Côte d'Ivoire - L'administration ivoirienne à l'épreuve de l'opération "mains propres" (ANALYSE)

(Xinhuanet 24/06/2010)
ABIDJAN -- L'opinion nationale ivoirienne assiste ces dernières semaines à des "actions d'envergure" dans le sens d'une opération "mains propres".
Le chef de l'Etat ivoirien Laurent Gbagbo avait à maintes occasions fait la promesse de procéder "de manière énergique" à la lutte contre les fléaux comme la corruption, le favoritisme et la gabegie qui sont souvent décriés dans le pays.
La filière café-cacao a été l'un des premiers secteurs à faire l'objet de cette "opération mains propres" à travers une enquête ordonnée par le chef de l'Etat et diligentée par le tribunal d'Abidjan.
Depuis le 18 juin 2008, plusieurs hauts responsables de cette filière sont emprisonnés à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca), accusés de détournements de fonds.
La libération de la filière qui visait l'amélioration des conditions de vie des paysans semble avoir été utilisée à d'autres fins.
Les Ivoiriens sont ainsi dans l'attente de voir la justice engager le procès qui établira la vérité sur l'affaire.
L'administration publique ivoirienne n'a pas échappé à cette opération. Le directeur de l'école nationale d'administration et plusieurs autres responsables du ministère ivoirien de l'Emploi et de la fonction publique ont été limogés après que des informations persistantes de corruption et de magouille portant sur le concours d'entrée dans cette école d'excellence eurent couru dans le pays.
Dans le domaine militaire, des sanctions viennent d'être également prises à l'encontre des responsables du fonds de prévoyance militaire.
Le directeur du fonds le colonel Ngolin Mongomin et trois autres officiers de l'armée ont été arrêtés et écroués à la Maison d'arrêt militaire d'Abidjan (Mama), soupçonnés d'avoir détourné des primes alimentaires des soldats estimés à 300.000 euros.
Dans ce même élan de moralisation, le chef de l'Etat ivoirien a instruit lundi le procureur de la République de diligenter une enquête sur le ministre ivoirien de l'Intérieur Désiré Tagro, mis en cause dans des affaires de corruption, de favoritisme et de népotisme.
Pour nombre d'observateurs, nul doute que la moralisation de la vie publique est en marche dans le pays, d'autant qu'il s'agit d'une grande première dans le pays où un ministre en fonction fait directement l'objet d'une enquête judiciaire.
"Les hauts fonctionnaires nommés à des postes de responsabilité doivent être des poches de moralité", affirmait le président de la Convention de la société civile de Côte d'Ivoire Patrick Ngouan lors d'un colloque le 2 juin à Abidjan.
Lors de cette même rencontre, le président de l'Assemblée nationale ivoirienne Mamadou Koulibaly estimait que "la bonne gouvernance est un gage de développement durable" et que "la moralisation de la vie publique devrait s'étendre à tous les secteurs de l'administration publique et privée".
C'est justement au cours de colloque que M. Koulibaly a accusé le ministre Tagro d'avoir recruté massivement à l'école de police les membres de sa tribu.
D'autres accusations concernant le ministre portent également sur d'éventuels détournements de fonds liés à l'organisation du pèlerinage à la Mecque, aux déchets toxiques, et la société Sagem security en charge de l'opération d'identification.
"Ce qui me réjouit, c'est que toutes les couches de la société sont touchées par ces mesures de probité et de rigueur qui feront beaucoup de bien à notre pays", énonce alors Denis Tanoh, sociologue.
"C'est le début d'une nouvelle marche pour la Côte d'Ivoire et pour les ivoiriens qui doivent désormais conjuguer des valeurs que sont la probité, la justice, la transparence et le mérite", conclut-il.
Publié le 2010-06-24 09:07:19
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