(Etiame.com 14/06/2010)
La 19è édition de la Coupe du monde qui a démarré depuis vendredi en Afrique du Sud, même si l’essentiel se déroule sur le pré vert, a donné l’occasion de quelques images inédites.
Les téléspectateurs du monde entier ont été témoins de la joie du prix nobel de la paix Desmond Tutu, qui dansait lors du concert de préouverture et de la cérémonie d’ouverture de la toute première édition du Mondial de football organisée sur le continent africain, une joie qui était bien à la hauteur de l’événement. C’était aussi l’occasion de rendre hommage à un homme: l’icône Nelson Mandela.
Bien que s’étant retiré de la scène politique depuis plus de dix ans, il est sans aucun doute la guest star de cet événement sportif, ravissant la vedette à l’actuel président sud-africain Jacob Zuma, aux ambassadeurs de la nation arc-en-ciel Aaron Mokoena - le capitaine - Steven Piennar et autre Siphiwe Tshabalala. Des célébrités du monde du football ont tenu à lui rendre visite. Un joli documentaire a été diffusé sur lui. C’est un homme comblé que le monde entier a vu sur les petits écrans, et qui aurait certainement voulu être un peu plus activement au-devant de la scène. Mais il ne le pouvait pas, les ennuis de santé l’en empêchant. Devenu grabataire et sous le poids de l’âge - il a 92 ans -, il a des difficultés de locomotion. Bien que n’ayant plus la force physique nécessaire pour tenir le coup, il avait tout de même tenu à honorer de sa présence la cérémonie d’ouverture, mais un drame familial est venu tout remettre en cause. Son arrière petite-fille de 13 ans est décédée jeudi nuit dans un accident de la circulation revenant du concert de préouverture du Mondial. L’homme propose, Dieu dispose, dira-t-on.
La planète entière a tout de même vu un Nelson Mandela rayonnant de joie. L’homme suscite encore du respect et de l’admiration malgré son retrait lointain de la scène politique, à cause de son histoire, de son engagement dans la lutte pour l’abolition de l’apartheid. Il est devenu l’icône de la libération des peuples noirs brimés par des régimes d’oppression. Un tel respect et une telle admiration, Gilchrist Olympio aurait pu aussi le mériter de la part des Togolais, s’il n’avait pas choisi de pactiser avec le diable.
Des cheveux vont sans doute s’hérisser sur des têtes, à cause de la comparaison. Elle ne tient peut-être pas, car les deux personnalités sont de classes différentes. Nelson Mandela est un monument, un dieu vivant, mais Gilchrist Olympio lui, n’arrive peut-être même pas dans la classe des archanges. Mais nous osons ce rapport, à cause de l’engagement politique presque identique des deux hommes. Le président d’honneur du Comité d’action pour le renouveau (Car) Me Yawovi Agboyibo n’avait-il d’ailleurs pas concédé entre-temps que l’«Opposant historique» a la même aura que Nelson Mandela?
Si le premier s’est investi corps et âme contre le régime d’apartheid en Afrique du Sud, le second a fait de même au Togo contre le régime Gnassingbé. Les deux hommes ont mis toute leur vie au service de cette lutte. Nelson Mandela y a passé plus de soixante-dix (70) ans et n’a véritablement joui du fruit de sa lutte que durant cinq (05) ans. Quant à Gilchrist Olympio, son combat politique formel ne date que d’une vingtaine d’années, même si son dédain pour le clan Gnassingbé tient ses origines de l’assassinat de son Père le 13 janvier 1963, et quelques actions contre le régime Eyadèma ont été mises sur son compte - agression terroriste du 23 septembre 1986 et autres.
Madiba a réussi à bouter hors le régime d’apartheid, mais ce n’est pas faute d’épreuves. L’homme a passé le clair de sa vie, vingt-six (26) ans en tout enfermé dans la prison de Robben Island, ce qui fait de lui le détenu politique le plus célèbre du monde. Durant toutes ces années passées en prison, ce n’était pas la lune de miel. Il était l’objet de tortures tant physiques que psychologiques et en porte encore des stigmates. Pendant tout ce temps, d’autres événements se produisaient. Mais il a tenu le coup et réussi à sortir de la prison le 11 février 1990. L’apartheid sera officiellement aboli le 30 juin 1991 et les toutes premières élections multiraciales organisées le 27 avril 1994, ce qui le porta à la magistrature suprême de son pays. Nelson Mandela réussit ainsi sa mission.
Tout comme le Sud-africain adulé aujourd’hui pour sa lutte, Gilchrist Olympio aussi a traversé des épreuves. Il avait été la cible d’un attentat en 1992 à Soudou et aurait été tué n’eût été la dextérité de son entourage. Mais des membres de sa délégation, dont le Dr Marc Atidépé ont payé le prix fort. Lui-même en porte encore les séquelles. Le «Leader charismatique» a investi autant sa vie que sa fortune dans la lutte pour le changement au Togo et le bien-être des populations. Ce combat l’a contraint à vivre en exil. Mais Gilchrist Olympio a décidé de sacrifier cette noble lutte sur l’autel des ambitions personnelles et de la vendetta.
En effet depuis qu’il a été remplacé au pied levé pour la course à la présidentielle du 4 mars dernier par Jean-Pierre Fabre, il ne l’a jamais digéré et a décidé de pactiser avec ceux-là qu’il a passé toute sa vie à combattre. Ce qui l’a amené à signer un accord de participation au gouvernement le 26 mai dernier avec le pouvoir RPT représenté par Esso Solitoki. Même s’il argue que ce geste a été motivé par le souci d’amélioration des conditions de vie des populations, personne ne se trompe qu’il prend ainsi sa revanche sur son Secrétaire général. Sept (07) de ses amis sont entrés au gouvernement, malgré la décision du Bureau national de l’Union des forces de changement (Ufc) de ne pas y participer. Cette indiscipline lui a valu son exclusion provisoire logique du parti, mais il a décidé de poursuivre Jean-Pierre Fabre en justice et lui demande même des excuses publiques avant le 14 juin, aujourd’hui donc. Il a aussi réussi à mettre une poignée de députés Ufc de son côté et aujourd’hui il est prêt à sacrifier son propre parti. Gilchrist Olympio a tourné casaque, sacrifiant ainsi toute une vie de lutte.
C’est la triste fin de l’«Opposant historique» qui avait l’aura de Nelson Mandela et était promis à une issue semblable à la sienne. Que serait-il advenu de l’Afrique du Sud si Madiba avait décidé de pactiser avec le régime ségrégationniste d’apartheid?
Tino Kossi, Collaborateur Etiame.com
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