(Etiame.com 14/06/2010)
Sous Faure Gnassingbé, les postes de responsabilité à la tête de l’Etat sont considérés comme un gâteau à partager entre proches parents et amis. Le népotisme semble la chose la mieux partagée. Ainsi, le «fils de la nation» va jusqu’à créer des postes pour satisfaire ceux qui ont momentanément perdu leurs charges administratives. C’est le cas de l’ancien ministre des Affaires étrangères Koffi Esaw, de Mme Lydia Adanlété, d’Edem Kodjo …
Le cas Esaw
En politique, le népotisme est caractérisé par les faveurs qu’un homme au pouvoir montre envers ses parents ou amis, sans considération du mérite ou de l'équité, de leurs aptitudes ou capacités. Cette pratique est courante dans la petite République du Golfe de Guinée coincée entre le Bénin et le Ghana. La récente preuve est la nomination de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Koffi Esaw, au poste de ministre, Conseiller principal à la Présidence chargé des Affaires étrangères et de Coopération.
Un poste qui vient supplanter le très officiel ministère des Affaires étrangère et de la Coopération occupé par Elliott Ohin, un ami de Gilchrist Olympio, avons-nous fait remarquer dans notre parution de vendredi dernier. Une remarque qui n’a pas enchanté le site du gouvernement qui, dans sa façon de faire la revue de presse de vendredi, a voulu nous faire un cours de diplomatie en écrivant: «Le journal semble ignorer deux choses.
D’abord, que la définition de la politique étrangère du Togo est une prérogative du chef de l’Etat; ensuite que toutes les présidences à travers le monde disposent d’une cellule diplomatique. En France, si Bernard Kouchner est le ministre des Affaires étrangères, c’est bien Jean-David Levitte qui est conseiller diplomatique et sherpa de Nicolas Sarkozy et qui, à ce titre, met en musique la partition composée par le président français».
Mais malheureusement, cet argument ne cadre pas avec le poste de réparation créé de toutes pièces par Faure Gnassingbé pour adoucir un proche parent débarqué du gouvernement. Il convient plutôt à la situation antérieure à la formation du nouveau gouvernement où Koffi Esaw était ministre des Affaires étrangères, donc le Kouchner togolais, et Robert Dussey, « conseiller diplomatique et sherpa de Faure Gnassingbé » qui est bien dans le rôle de Jean-David Levitte. Chose curieuse, dans l’argumentaire du site, on ne voit nulle part l’existence d’un ministre, Conseiller principal chargé des Affaires étrangères et de Coopération en dehors du ministre des Affaires étrangères et du conseiller diplomatique. La nouvelle invention de Faure Gnassingbé est une surcharge pour la République. La volonté de réduire à la portion congrue le ministre de Gilchrist Olympio est manifeste.
Lydia Adanlété dans la même situation
Militante de la CDPA, Mme Lydia Adanlété avait été nommée ministre déléguée auprès du ministre des Petites et Moyennes Entreprises et de la Promotion de la Zone franche, chargée du Secteur informel dans le gouvernement d’union nationale de 2006 alors qu’elle n’était pas sur la liste de la CDPA. Après les législatives d’octobre 2007, elle n’avait pas été reconduite et son portefeuille créé de toutes pièces avait aussitôt disparu. Une situation inacceptable pour elle et elle l’avait bruyamment exprimée à l’époque. Pour calmer cette proche de la famille, le « fils de la nation » lui a taillé un poste sur mesure ; elle est nommée Directrice générale de la délégation à l’organisation du secteur informel. Du fait du manque d’infrastructures, elle était restée pendant longtemps à la maison tout en percevant son salaire. Placée au départ sous tutelle du ministère du Commerce, de l’Industrie, de l’Artisanat et des petites et moyennes Entreprises, cette délégation à l’organisation du secteur informel peine à prendre ses marques. Et par enchantement, la loi portant sa création a été revue pour qu’elle dépende directement de la Présidence. Sans intermédiaire, elle rend directement compte à Monsieur le président.
D’autres personnes à l’instar de l’ancien Premier ministre Edem Kodjo ont bénéficié de ce traitement de faveur. Déchargé à la suite de la formation du gouvernement d’union nationale, M. Kodjo fut nommé ministre d’Etat à la présidence. Ce qui l’avait conduit à prendre une villa dans la cité OUA qu’il avait joliment baptisée «présidence annexe». Quelle est la mission de ce ministère d’Etat à la présidence? Quelle est son incidence sur la gestion des affaires du pays? A chacun d’y répondre et de savoir que ce département dispose aussi d’un personnel à entretenir aux frais de la princesse.
Feu Dr Amah-Gnassingbé devenu un paria à l’UFC après son entrée au gouvernement «à titre personnel» a été aussi dédommagé avec un honorifique poste de conseiller à la présidence.
Ceux qui n’ont pas eu la chance de bondir ailleurs continuent de jouir des prérogatives ministérielles. Certains ont gardé leur voiture de fonction et percevraient leur salaire.
C’est donc une tradition qui a cours et les autres ministres qui viennent de perdre leur portefeuille, peuvent aussi en profiter. Mais avec cette façon de faire, le pays aura de la peine à prendre son envol.
R. Kédjagni
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