(20 minutes 15/06/2010)
INTERVIEW - Nommé officiellement mardi, il a réservé sa première interview à «20 Minutes»...
Il a posé ses valises en France il y a deux mois et demi. Mais c’est mardi à 12h30 que Jacques Kabalé deviendra officiellement le nouvel ambassadeur du Rwanda en France à l’issue d’une cérémonie à l’Elysée. Il a réservé sa première interview à 20 Minutes.
La reprise, en février, des relations entre Paris et Kigali correspond à une vague d’arrestations de génocidaires présumés exilés en France. Est-ce une coïncidence?
Cela y a contribué. Les autorités de nos deux pays ont pu se mettre autour d’une table, échanger sur le sujet et envisager des solutions. Dieu merci, aujourd’hui, ces personnes commencent à être arrêtées (lire l’encadré).
Mais la justice française refuse de les extrader. Le comprenez-vous?
Je suis optimiste. Je pense que la France va évoluer sur cette question. Nous attendons ces extraditions. Nous les espérons. A partir du moment où il y a des accusations, il faut que ces gens répondent.
Les juges français estiment que les droits des personnes accusées ne sont pas garantis au Rwanda...
La France ne connaît pas très bien le Rwanda. Par une loi, nous avons aboli la peine capitale. Je ne vois pas quelles garanties nous pourrions apporter de plus. La France n’est pas encore tout à fait à l’aise pour se débarrasser de ces génocidaires présumés.
En quoi est-ce si important?
Nos tribunaux populaires (Gacaca) permettent aux victimes d’entendre la vérité de la bouche des coupables. De savoir comment leurs proches sont morts et dans quels endroits reposent leurs restes.
Quelle est l’importance de la communauté rwandaise en France?
C’est difficile à dire : peut-être 500 ou 600 personnes. Une grande partie de la communauté tient à rester discrète. Il y a des actes d’accusations très lourds qui pèsent sur certains d’entre eux.
Les deux pays ont-ils vocation à nouer des liens économiques?
Bien sûr. Le dossier judiciaire n’est pas le plus important pour nous. Nous avons déjà eu des discussions sur le sujet de la région des Grands Lacs quand Nicolas Sarkozy s’est rendu au Rwanda. Je suis aussi en contact avec le Medef. Une rencontre entre notre ministre des affaires étrangères et des investisseurs français devrait avoir lieu d’ici à la fin de l’année en France.
Recueilli par Vincent Vantighem
Munyemana
La cour d’appel de Bordeaux doit rendre sa décision, ce mardi matin, sur la demande d’extradition de Sosthène Munyemana. Surnommé le Boucher de Tumba par l’ONG African Rights, ce médecin fait partie de la quinzaine de génocidaires présumés exilés en France arrêtés ces derniers temps.
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