lundi 4 mars 2013

Sénégal: le gouvernement favorable à une médiation pénale pour récupérer les biens mal acquis (SYNTHESE)

(Xinhuanet 04/03/2013) DAKAR -- Le gouvernement sénégalais, qui avait engagé tambours battant la traque contre les biens mal acquis, semble mettre la pédale douce, en acceptant des concessions si les présumés coupables retournent au Trésor public au moins 80% de l'argent détourné, a appris samedi à Dakar un journaliste de Xinhua.
"Le pouvoir est disposé à accepter une médiation pénale comme le prévoit la loi", a confirmé samedi à la radio privée RFM, Abdou Latif Coulibaly, ministre chargé de la Promotion de la bonne Gouvernance et porte-parole du gouvernement sénégalais.
La veille, Me El Hadji Diouf, un des avocats de l'Etat du Sénégal dans cette affaire, avait, dans un entretien paru dans quotidien privé dakarois Le Populaire, indiqué que l'Etat du Sénégal "est prêt à concéder 20% des biens mal acquis si les concernés retournent les 80% au Trésor public".
"Le président (Macky Sall) a toujours dit que son objectif n' est d'emprisonner des Sénégalais,(..), mais il faut qu'ils (les présumés coupables) retournent les 80% au trésor public, à l'Etat du Sénégal qui a besoin de cet argent", a dit l'avocat.
Pour le porte-parole du gouvernement sénégalais, il est plus réaliste d'accepter que ceux qui sont soupçonnés de détournement de deniers public retournent 80% de ces biens que d'attendre une justice qui peut prendre des années et des années avant de rendre son verdict, alors que le pays a besoin de cet argent.
"Je pense que c'est plus logique et plus cohérent que de s'engager dans des perspectives d'un procès dont l'issue peut être incertaine (..)", a poursuivi Abdou Latif Coulibaly.
"Cela ne veut pas dire que nous exigeons 80% de tout le monde et de façon unilatérale. Cela peut être 80%, 85%, 90%, 95%. Tout dépend des cas", a-t-il toutefois précisé.
Plusieurs organisations de la société civile sénégalaise ont, quant à elles dénoncé cette méthode qu'elles qualifient "de promotion du vol".
"On ne peut pas comprendre que des Sénégalais puissent cotiser au niveau du trésor public et que des personnes à qui on a donné des responsabilités politiques avec tous les privilèges de l'Etat puissent quitter leurs fonctions en emportant avec eux l'argent du contribuable", a confié à la presse locale, Biram Seck, membre de l'ONG Forum civil sénégalais, liée à Transparency International.
Certains analystes pensent que le pouvoir sénégalais a reculé d'un pas en raison de la détermination et de la résistance des partisans de l'ex régime. D'autres pensent qu'à l'approche des prochaines élections locales (prévues en 2014), le pouvoir veut calmer le jeu dans l'espoir de débaucher de hauts responsables libéraux qui contrôlent encore des bases électorales.
Le chef de l'Etat sénégalais Macky Sall avait, dès son arrivée son arrivée au pouvoir le 25 mars dernier, décidé de tout mettre en oeuvre pour que son pays retrouve les deniers publics détournés par des dignitaires de l'ex régime.
Il a avait ainsi réactivité la Cour de Répression de l'enrichissement illicite qui a immédiatement lancé des poursuite contre des personnalités soupçonnées d'avoir illégalement détourné l'argent du contribuable.
Depuis, plusieurs dignitaires du précédant régime du président Abdoulaye Wade ont défilé ces derniers mois devant la gendarmerie ou la division des investigations criminelles (DIC, un démembre de police sénégalaise), pour enquêtes sur leur patrimoine..
Plusieurs proches de l'ex-chef d'Etat sénégalais dont son fils Karim Wade, ancien puissant ministre d'Etat, et de nombreux ministres Madické Niang (Affaires étrangères), Samuel Sarr ( Energie), Oumar Sarr (Urbanisme Hydraulique et Habitat), Ousmane Ngom (Intérieur), Abdoulaye Baldé (Industrie et Mines), font l' objet d'enquête et sont interdits de sortie du territoire sénégalais.


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