(Le Temps.ch 03/01/2013)
Les rebelles du Séléka suspendraient leur offensive, selon leur porte-parole Eric Massi. Sur le plan militaire, la situation s’est compliquée pour les rebelles, qui n’avaient jusque-là eu à affronter que des troupes centrafricaines en débandade.
La bataille à Bangui, à l’image des affrontements qui l’avaient ensanglantée en 1996, 1997, 2001 ou 2003, n’aura peut-être pas lieu. En tout cas pas tout de suite. Mercredi, la perspective de négociations entre François Bozizé, le président centrafricain, et la rébellion du Séléka, parvenue à Sibut, à 160 km de la capitale, a encore gagné en probabilité.
D’après une source diplomatique de l’AFP, des pourparlers devraient se tenir le 8 janvier à Libreville, au Gabon, sous le parrainage du président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso. Quelques heures auparavant, le porte-parole du Séléka, Eric Massi, a laissé entendre qu’elle «suspendait l’offensive» et enverrait une délégation à Libreville.
Après trois semaines d’une progression spectaculaire (LT du 27.12.12), le Séléka semblait hésiter ces derniers jours sur la stratégie à suivre. Sur le plan militaire, la situation s’est compliquée pour les rebelles, qui n’avaient jusque-là eu à affronter qu’une armée centrafricaine en débandade. Mais la force d’interposition de la Fomac (Force multinationale d’Afrique centrale) en Centrafrique a été renforcée à 760 hommes avec l’arrivée, depuis lundi, de trois contingents de 120 soldats congolais, gabonais puis camerounais. Hier, le commandant de la Fomac, le général gabonais Jean-Félix Akaga, a prévenu que l’attaque de Damara, où ont été déployés les renforts, constituerait «une déclaration de guerre».
Sur le plan diplomatique, le dilemme qui se posait à l’Union africaine (UA) et aux dirigeants d’Afrique centrale semble tranché. Entre le soutien à un régime qui a perdu toute crédibilité et la perspective de le voir chuter sous l’assaut d’insurgés, la voie légitimiste l’a emporté. L’UA a ainsi déclaré son «rejet absolu de toute tentative de s’emparer du pouvoir par la force, ainsi que du recours à la rébellion armée pour faire valoir des revendications politiques». François Bozizé n’en a pas moins été contraint à de rudes concessions. A Bangui dimanche passé, le président en exercice de l’UA, le Béninois Thomas Boni Yayi, lui a arraché la promesse d’un gouvernement d’union nationale. Il devrait figurer au menu des discussions à Libreville.
Angélique Mounier-Kuhn
© Copyright Le Temps.ch
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire