(Le Monde 15/06/2010)
Les forces de l'ordre se sont déployées, lundi 14 juin, devant les ministères et les principaux bâtiments administratifs de la capitale comorienne, Moroni, au lendemain de l'assassinat d'un haut gradé de l'armée. Plus d'une centaine de personnes se sont rassemblées devant l'hôpital El-Maarouf de Moroni, où repose le corps du colonel Combo Ayouba, abattu dimanche soir à son domicile par un ou plusieurs inconnus qui ont pu prendre la fuite. Certains manifestants originaires de l'île d'Anjouan, comme l'officier assassiné, ont scandé des slogans hostiles au président Ahmed Abdallah Sambi, d'autres ont lancé des pierres sur le ministère des finances et de l'éducation, faisant au moins un blessé.
"Aucune conclusion sérieuse ne peut être avancée" pour le moment, ni sur l'auteur de l'assassinat, ni sur ses motivations, selon une source proche de l'enquête. Mais cet assassinat intervient dans un contexte de vive tension politique aux Comores. Considérée au sein de l'état-major comme un fidèle du président Sambi, la victime était l'un des rares anciens membres encore en activité de la garde présidentielle formée dans les années 1980 par le mercenaire français Bob Denard.
DISCUSSIONS POUR UNE PRÉSIDENTIELLE EN NOVEMBRE
En mars, M. Sambi avait prolongé son mandat jusqu'à fin 2011 au terme d'une réforme constitutionnelle rejetée par l'opposition visant à harmoniser l'élection du président de l'Union avec celle des gouverneurs. Un maintien au pouvoir qui suscite un très vif mécontentement sur l'île de Mohéli, à qui revient normalement le tour d'assurer la présidence du pays, en vertu du principe de la présidence tournante entre les îles de l'archipel. Certains opposants disent aussi avoir été intimidés par le pouvoir en place et dénoncent ce qu'ils appellent "la dérive dictatoriale" du président Ahmed Abdallah Sambi.
C'est dans ce contexte que la petite armée comorienne a connu ces derniers mois de gros tiraillements, se traduisant notamment par un malaise croissant entre une partie de l'état-major et le pouvoir exécutif.
Des négociations politiques, menées depuis deux mois par la communauté internationale pour fixer la date de l'élection présidentielle et les termes de la période de transition, n'ont pas abouti à ce jour. Mi-mai, un accord de "réconciliation" avait été signé pour "rétablir la sérénité" au sein de l'AND, qui compte un peu moins de 2 000 hommes. Soutenue par la communauté internationale, l'Union africaine (UA) tente depuis deux mois d'obtenir un accord sur la date d'élection du prochain président et des gouverneurs des îles. Elle a soumis ce week-end une proposition aux parties comoriennes pour l'organisation d'une présidentielle dès novembre 2010, avec un second tour le 28 décembre 2010.
LEMONDE.FR avec AFP
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