(La Voix du Nord 09/03/2013)
Parmi les cinq insurgés faits prisonniers (ou qui se sont
rendus...) lors des combats dans la vallée d'Ametettai dans l'extrême nord-est
du Mali, il y a un Français. On ne connaît pas son identité pour le
moment.
Ce vendredi, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian (en
visite aux troupes françaises le 7 mars dans le massif des Ifoghas), a annoncé
sur Europe 1 qu'il allait être extradé vers la France " dans les moments qui
viennent ". Ce qui paraît intriguant sur le plan juridique...
Certes, il
est français et a été appréhendé par des militaires français mais a priori, sur
le plan juridique, le prisonnier a dû être remis aux autorités maliennes.
L'infraction, qui sera déterminée après enquête, est commise au Mali ; le droit
commun du Mali doit s'appliquer. Même s'il a la double nationalité, c'est la loi
du territoire qui entre en vigueur. Il n'est pas non plus un prisonnier de
guerre au sens de la Convention de Genève puisque la France n'a déclaré la
guerre à personne (normalement, un Etat).
Pour extrader un individu, il
faudrait aussi qu'il soit poursuivie par une enquête judiciaire en France. On se
demande donc sur quelle base juridique une extradition est-elle possible
seulement quelques jours après son arrestation ?
La prévôté, assurée par
des gendarmes français accompagnant l'opération Serval, n'est concernée que par
des infractions commises par des soldats français sur le sol malien. Un Status
of forces agreement (SOFA), signé entre le pays hôte et celui qui amène des
troupes, ne gère aussi que ce type de problèmes. Jamais celui de
prisonniers.
En tout cas, le ministre a rappelé que le nombre de Français
était réduit à ce stade de l'opération Serval : deux si l'on compte le cas de
celui qui avait été arrêté par les autorités maliennes début novembre (lire ici
une précédente note). Il a été expulsé mardi par le Mali. Entendu par la DCRI,
il a violé son contrôle judiciaire et devrait être mis en examen pour "
association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ". Dans ce
cas précis, il existe une justification juridique pour
l'expulsion.
Jean-Yves Le Drian ne néglige pas l'aspect international du
jihad au Sahel : " Cela montre qu'il y avait là constitution d'une espèce de
lieu, d'une filière terroriste de guerre (sic), qui pouvait accueillir certains
jeunes en quête d'un destin radical, comme certains ont pu le faire en
Afghanistan ou en Syrie. " A suivre.
OL. B.
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Nord
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