lundi 11 mars 2013

Macky Sall, un destin pour l’Afrique

(Par Madiambal Diagne)
Le Président Macky Sall va effectuer deux voyages importants dans quelques jours. Le premier le conduira à Durban, en Afrique du Sud, où il prendra part au cinquième Sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Le chef de l’Etat sénégalais y est invité au titre de Président du Comité d’orientation du Nepad, une casquette qui lui permet d’y être, ainsi qu’à des rencontres du G8 ou du G20.
La rencontre de Durban s’avère importante car le Président Macky Sall, désigné en janvier 2013 par ses pairs lors du dernier Sommet de l’Union africaine à Addis Abeba pour diriger le Nepad, a pour mission de travailler à la réalisation de quelques 51 projets continentaux de développement. L’investissement nécessaire à l’accomplissement de ces projets serait de 68 milliards de dollars.
Avec le Président Macky Sall, le Nepad se focalise notamment sur la thématique de l’agriculture et des infrastructures. Le rôle premier de l’agriculture est celui d’assurer la sécurité alimentaire sur le continent et par la suite, réussir son autosuffisance. Aussi, les pays africains ont déjà compris que l’essor économique du continent est tributaire des infrastructures nécessaires à la fluidité des activités économiques et financières. Cette carence d’infrastructures limite considérablement les échanges entre pays africains.
L’une des principales difficultés que rencontre le Nepad est la mobilisation des ressources financières nécessaires à l’exécution de son programme. Cependant, l’institution s’active déjà et compte également sur ses partenaires traditionnels tels que le G8, le G20 ou encore la Chine. Il se trouve que dans la configuration de la nouvelle coopération internationale, les BRICS constituent une donne incontournable. Les cinq pays composant le BRICS sont pour la plupart considérés comme des grandes puissances émergentes, ils sont respectivement les sixième, neuvième, dixième, deuxième et vingt-neuvième puissances économiques mondiales (au sens du Pib nominal). Ils comptent 40 % de la population mondiale et, en 2015, ils devraient assurer 61 % de la croissance mondiale selon le Fmi. Leur place dans l’économie mondiale croît fortement : 16 % du Pib mon­dial en 2001, 27 % en 2011 et d’après des estimations, 40 % en 2025. En 2011, les BRICS totalisaient un Pib de 11 221 milliards de dollars Us pour près de 3 milliards d’habitants.
De nombreux pays africains travaillent à renforcer leur coopération bilatérale avec les membres des Brics. C’est ainsi que le Nigéria a décidé d’intégrer le Yuan dans ses réserves de devises. Des économistes se demandent si la Bceao ne devrait pas faire de même du fait du volume et du renforcement croissant des relations d’affaires entre ses pays membres et la Chine par exemple. Macky Sall pourrait impulser une telle dynamique.
La visite que le Président Macky Sall fera à Washington le 28 mars prochain constitue une consécration personnelle mais aussi une belle ouverture pour le Sénégal. Le Président Wade avait eu beaucoup de peine à se faire recevoir par le Président Obama en dépit d’importants efforts de lobbying qu’il avait déployés. Le Président Barack Obama, évitait soigneusement de donner une quelconque caution au Président Wade dont les pratiques de mal gouvernance rebutaient les Américains. A l’opposé, le Président Macky Sall, l’un des chefs d’Etat les mieux élus du Continent africain, se positionne comme le chantre de la bonne gouvernance et du renforcement des acquis démocratiques. Macky Sall apparaît comme un chef d’Etat moderne, capable de faire bouger les choses au Sénégal et en Afrique. Le Sénégal est un pays important dans la perspective géopolitique des Américains sur l’Afrique. Il n’y a jamais eu depuis 1960, un chef d’Etat américain qui n’ait pas reçu son homologue du Sénégal à la Maison blanche. John Kennedy, Richard Nixon, Gerald Ford, Jimmy Carter, Ronald Reagan, George Bush, Bill Clinton, George Bush Junior, avaient tous reçus les Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Barack Obama aurait été le seul Président américain à refuser l’honneur de recevoir à la Maison Blanche son homologue contemporain du Sénégal.
L’invitation du Président Obama apparaît comme un adoubement pour incarner un certain leadership en Afrique en général et en Afrique de l’Ouest en particulier. Il est en effet attendu du Président sénégalais de jouer un rôle important comme émule de ses pairs sur ces questions essentielles pour l’Administration Obama. Aussi, les Etats unis attendraient de lui qu’il s’investisse davantage dans la lutte contre le terrorisme international, la lutte contre l’islamisme radical et le crime organisé. Il est attendu du Sénégal de jouer un rôle plus important pour le retour de la paix au Mali. Faudrait-il, cependant, que le Président Macky Sall se décomplexe pour enfiler le costume de leader africain que l’histoire vient de lui tailler par le suffrage universel avec une élection aux allures de plébiscite incontestable. Mieux, Macky Sall s’engage dans ce que Bruno Amoussou appelle «la refondation d’une nouvelle éthique commune quant à l’intérêt général et au bien public». En guise d’épilogue, dans «Un défi pour l’Afrique», l’ancienne Prix Nobel de la Paix 2004, Wangari Maathai, estimait que la sortie de ce qu’elle qualifiait de syndrome du mauvais autobus, passait aussi par l’affirmation d’un nouveau leadership fort, hégémonique et responsable au service du continent africain. Macky Sall pourrait alors incarner ce leadership. Il lui faudra de l’audace. Les élites africaines ont soif de cela et la meilleure preuve est le retentissement international qu’avait connu son plaidoyer pour la bonne gouvernance et la démocratie, à l’occasion du Forum des leaders de médias africains à Dakar en novembre 2012.

Madiambal Diagne
rewmi.com

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