jeudi 17 janvier 2013

Centrafrique, Congo - ACCORD DE PAIX DE BRAZZAVILLE: Bozizé est-il en train de ruser ?

(Le Pays 17/01/2013)
La Centrafrique attend toujours son Premier ministre. Conformément à l’accord de paix signé à Brazzaville, celui-ci doit être issu de l’opposition politique. Et la personne qui fait l’unanimité au sein de cette opposition est bien Me Tiangaye.

C’est dire donc que les adversaires de Bozizé ont joué leur partition dans le processus de résolution d’une crise qui a failli mettre le pays de l’ex-empereur Bokassa sens dessus dessous. La balle est désormais dans le camp de Bozizé qui traîne toujours le pas. Ruse-t-il déjà avec un accord qui l’a pourtant aidé à ramener le calme dans son pays et à stabiliser son pouvoir qui vacillait sous le crépitement des mitrailleuses ? En tout cas, Bozizé commence à mettre en doute sa bonne foi. Pour preuve, Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, l’a interpellé sur ses engagements. Le médiateur de la crise, Denis Sassou Nguessou, a aussi dépêché des émissaires auprès de lui. Beaucoup attendaient d’ailleurs de voir le président centrafricain appliquer l’accord de Brazzaville avant d’y croire. Surtout que la personne que l’opposition et les rebelles proposent à la Primature, Me Tiangaye, est un homme redoutable.
A la vérité, Bozizé sait très bien à qui il a désormais affaire. On dit de Me Tiangaye qu’il est un dur à cuire. Les régimes qui se sont succédé à la tête de l’Etat centrafricain connaissent d’ailleurs l’outrecuidance de l’homme. Pour rappel, en 1989, alors président de la Ligue centrafricaine des droits de l’Homme, Me Tiangaye avait défendu bec et ongles l’actuel locataire du palais de Bangui accusé en son temps par le président Ange-Félix Patassé de comploter contre son régime. Et ce n’est pas tout. En 2003, Me Tiangaye fut le président du Conseil national de transition après le coup de force qui a porté Bozizé au pouvoir.
Il fut alors l’un des principaux rédacteurs de la Constitution actuelle de la République centrafricaine. Autant dire que celui avec qui Bozizé est appelé à composer par la force des choses n’est pas taillable et corvéable à souhait. Toute chose qui ne serait pas du goût du général Bozizé. A se demander donc pourquoi le président centrafricain remet à demain ce qu’il doit faire aujourd’hui. Toujours est-il qu’entre deux maux, il n’a qu’à choisir le moindre. Choisir un Premier ministre teigneux qui formera, sans doute, un gouvernement d’union nationale sur lequel Bozizé aura une marge de manœuvre très étroite vaudrait encore mieux que susciter le courroux de la Séléka qui risque d’emporter son régime.
Bozizé a donc intérêt à respecter ses engagements, surtout que l’aile radicale de la rébellion remet déjà en cause l’accord de paix de Libreville. Toute chose qui montre que le risque que le pays bascule à nouveau dans une guerre est grand tant que Bozizé ne respectera pas l’accord qu’il a lui-même signé.

Boulkindi COULDIATI
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