(BBC Afrique 03/12/2012)
Le Mali et le Niger ont regretté dimanche un "recul" de
l'ONU concernant une intervention armée africaine dans le Nord malien occupé par
des islamistes armés, après le rapport de Ban Ki-moon au Conseil de sécurité
alertant sur les risques d'un recours à la force.
Evoquant ce rapport du
secrétaire général de l'ONU, le président nigérien Mahamadou Issoufou et son
homologue malien Dioncounda Traoré ont déploré "un recul d'autant plus
regrettable que les conditions d'existence des populations vivant sous le joug
des groupes terroristes étrangers" dans le nord du Mali se sont
"considérablement dégradées", selon le communiqué publié à l'issue de leur
rencontre à Niamey.
Les "risques" d'une opération armée africaine
"ponctuelle, encadrée et supervisée par la communauté internationales ont été
cernés" et "ne sauraient en aucune manière constituer un obstacle à l'impératif
de libération des populations" qui subissent "un martyr", poursuit le
texte.
Après l'Union africaine, le Conseil des ministres de la Communauté
économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), réuni à Abidjan, a lui aussi
regretté dimanche un "déphasage" de l'ONU par rapport à "l'urgence" à agir au
Mali.
Dans un rapport adressé le 28 novembre au Conseil de sécurité, Ban
Ki-moon a considéré qu'une intervention militaire dans le nord du Mali serait
"sans doute nécessaire en dernier recours contre les plus extrémistes" des
groupes armés.
Mais il a mis en garde sur les risques du recours à la
force sur la situation humanitaire et les chances d'une solution
politique.
Le 11 novembre à Abuja, la Cédéao a approuvé l'envoi d'une
force militaire de 3.300 hommes soutenue sur le plan logistique par des pays
occidentaux.
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer en
décembre sur cette intervention, en se fondant notamment sur le rapport de M.
Ban Ki-moon.
"Nous devons agir vite", toute l'Afrique de l'Ouest "est
concernée" et, au-delà, l'enracinement de "terroristes" est une "menace à la
paix et à la sécurité internationales", a plaidé dimanche le président du
Niger.
Le président malien a estimé de même que le recours à la force
était une nécessité face aux "terroristes étrangers" occupant le nord de son
pays, tels Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Le dialogue ne peut
avoir lieu avec les autres mouvements que s'ils renoncent à certaines de leurs
revendications, a-t-il expliqué.
Selon M. Traoré, en "préalable au
dialogue", la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad
(MNLA, laïc) doit "renoncer à l'indépendance et à l'autodétermination" et Ansar
Dine, l'un des mouvements
islamistes armés occupant le Nord, doit abandonner
la charia (loi islamique), qu'il applique avec une extrême rigueur dans les
zones sous son contrôle.
Le président burkinabè Blaise Compaoré,
médiateur de la Cédéao dans la crise malienne, a engagé des négociations à
Ouagadougou avec Ansar Dine et le MNLA.
Il doit recevoir lundi à
Ouagadougou le ministre malien des Affaires étrangères Tiéman Coulibaly pour lui
soumettre un "agenda de pourparlers" avec ces deux mouvements
touareg.
Face à une situation toujours "critique" dans le nord du Mali,
il s'agit de "trouver un cadre pour engager le processus de dialogue direct
entre les parties", a déclaré M. Compaoré dimanche à Ouagadougou, s'exprimant
devant la presse à l'occasion des législatives et municipales dans son
pays.
Une délégation d'Ansar Dine en provenance d'Alger est arrivée
dimanche dans la capitale burkinabè, où des émissaires du MNLA venus de
Mauritanie sont attendus dans la nuit de dimanche à lundi, de source proche de
la médiation.
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