(TF1 20/12/2012)
Cinquante ans après l'indépendance de l'Algérie, François Hollande sera ce jeudi à la tribune du Parlement algérien où il entend "dire la vérité" sur la colonisation française mais sans "repentance", avec la volonté d'ouvrir une nouvelle ère de la relation entre Paris et Alger.
Mercredi, au premier jour de sa visite en Algérie (à revivre ici minute par minute), François Hollande a tenu son engagement de ne pas faire de cette visite d'Etat celle de la repentance et a souligné qu'une telle démarche ne lui était de toute manière pas demandée par Alger. "Je viens dire ce qu'est la vérité, ce qu'est l'Histoire", a-t-il assuré lors d'une conférence de presse (lire : Le pari algérien de François Hollande repose sur un paradoxe et Hollande en Algérie : un voyage, trois enjeux). Le discours du chef de l'Etat ce jeudi devant le Parlement algérien n'en sera pas moins scruté à la lumière du passé entre les deux pays, notamment la guerre de décolonisation de 1954-1962, qui est encore très présente dans les mémoires en France et en Algérie. Même s'il n'évoque pas la repentance, l'homme de la synthèse du Parti socialiste pourrait offrir aux parlementaires algériens une vision apaisée de l'Histoire.
Afin de ne pas heurter les susceptibilités, chaque pays a par ailleurs fait des gestes d'apaisement pour faire de cette visite d'Etat un succès. Le président algérien a assuré à François Hollande qu'il avait donné des instructions à la justice pour aller jusqu'au bout de l'enquête sur l'assassinat des moines de Tibéhirine enlevés en mars 1996. Quant au président français, il se rendra ce jeudi place Maurice Audin rendre hommage au militant communiste et indépendantiste mort selon sa famille entre les mains de l'armée française. François Hollande a promis d'ouvrir les archives pour faire toute la lumière sur cet épisode obscur de la période coloniale.
L'épine malienne
Autre symbole : accueilli en grande pompe par son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika à sa descente d'avion mercredi, le président français a été acclamé peu après par des milliers d'Algérois tandis qu'il remontait à pied, aux côtés de son hôte, le boulevard du front de mer, pavoisé aux couleurs des deux pays. Une image que confirme un sondage : une large majorité d'Algériens souhaitent désormais une normalisation des relations avec l'ancienne puissance coloniale, 57% se disant favorables à une relation "exemplaire" avec la France. Mais sur l'autre rive de la Méditerranée, les avis restent partagés: si 35% des Français estiment que François Hollande ne devait pas présenter d'excuses à l'Algérie, 13% jugent qu'il devait le faire et 26% y étaient favorables à "condition qu'Alger présente des excuses au sujet des pieds noirs et harkis".
Pour ouvrir "un nouveau chapitre", un "nouvel âge", dans la relation entre leurs deux pays, les présidents Hollande et Bouteflika ont signé mercredi soir une "déclaration d'Alger sur l'amitié et la coopération entre la France et l'Algérie". La France, a insisté François Hollande, veut un "partenariat stratégique d'égal à égal" entre les deux capitales. Il sera précisé par un accord cadre, "programme de travail sur cinq ans dans les domaines économiques, financiers, culturels, agricoles et même de défense". Les deux présidents ont également assisté à la signature d'une demi-douzaine d'accords dont celui, âprement négocié, sur la construction près d'Oran d'une usine de montage de Renault susceptible de produire à compter de 2014 au moins 25.000 véhicules par an.
La situation au Nord Mali a cependant montré les limites au rapprochement entre les deux pays. Le président français a voulu minimiser les désaccords sur cette question et a vanté une "convergence de vues" malgré l'hostilité d'Alger à l'arrivée d'une force internationale de l'ONU chez son voisin.
Mis en ligne le 20 décembre 2012 à 06h53, mis à jour le 20 décembre 2012 à 06h57
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