lundi 24 décembre 2012

L'Egypte adopte la Constitution soutenue par les islamistes

(L'Express 24/12/2012)

Après un scrutin tendu, deux tiers des votants se sont prononcés pour la nouvelle Constitution défendue par le président islamiste Mohamed Morsi. Mais l'opposition dénonce déjà des fraudes.
La Constitution défendue par les islamistes au pouvoir en Egypte a été approuvée par environ deux tiers des votants, ont annoncé dimanche les médias officiels. Le "oui" a remporté près de 64% des voix selon des chiffres officieux et, d'après les islamistes, le taux de participation a été d'environ 32%. Les résultats officiels étaient attendus lundi mais un membre de la commission électorale, Mohamed el-Tanboly, a déclaré qu'"aucune date officielle n'a encore été fixée".
Le Front du salut national (FSN), principale coalition de l'opposition rassemblant des mouvements de gauche, laïques et libéraux, a annoncé lors d'une conférence de presse qu'il contestait ces résultats, dus d'après lui "à la fraude, aux violations et aux irrégularités". Le FSN "va faire appel du résultat de ce référendum", a déclaré l'un de ses chefs de file, le nationaliste de gauche Hamdeen Sabbahi. Plusieurs plaintes ont déjà été déposées devant la justice.
"Pas de consensus sur cette Constitution"
Pour Hamdeen Sabbahi, les résultats "ne confirment qu'une chose: qu'il n'y a pas de consensus sur cette Constitution". Le texte ouvre la voie "à une série de lois qui vont balayer les libertés publiques", a-t-il martelé.Le référendum "n'est pas la fin du chemin mais seulement une bataille dans cette longue lutte autour de l'avenir de l'Egypte", a aussi dit le Front dans un communiqué. La coalition a d'ailleurs indiqué qu'elle comptait rester en place, alors que des élections législatives sont prévues dans les deux mois suivant l'adoption de la Constitution.
Pour l'opposition, la Constitution, rédigée par une commission dominée par les islamistes, n'est pas représentative du peuple égyptien et porte atteinte à certaines libertés fondamentales. Mais le camp du président assure en revanche qu'elle est nécessaire à la stabilisation du pays après la révolte qui a renversé l'autocrate Hosni Moubarak début 2011.
Le Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ) de Mohamed Morsi, la branche politique des Frères musulmans, s'est félicité des résultats. "Le peuple égyptien continue sa marche vers la finalisation de la construction d'un Etat démocratique moderne, après avoir tourné la page de l'oppression", a-t-il dit dans un communiqué.
Une élection sous haute tension
"Nous tendons la main à tous les partis politiques et toutes les forces nationales pour dessiner ensemble les contours de la période à venir et j'espère que nous allons tous commencer une page nouvelle", a affirmé sur son compte Twitter le président du PLJ, Saad el-Katatni.
Le scrutin des 15 et 22 décembre s'est déroulé dans un contexte tendu, après des semaines de manifestations rivales qui ont parfois dégénéré en affrontements meurtriers entre partisans du président islamiste Mohamed Morsi et opposants.
En Allemagne, le ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle, s'est dit inquiet de la situation en Egypte, affirmant que "les accusations de fraude doivent être examinées rapidement, fermement et de manière transparente".
Une fois la Constitution ratifiée, le Sénat, dominé par les islamistes, récupèrera le pouvoir législatif jusqu'à l'élection d'une nouvelle Assemblée (chambre des députés). L'ancienne, où les islamistes étaient aussi majoritaires, avait été dissoute en juin.

Par LEXPRESS.fr, publié le 24/12/2012 à 11:07
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