mardi 18 décembre 2012

L’Afrique peut coopérer avec les pays émergents pour se faire entendre davantage sur la scène internationale (expert béninois)

Avec ses nouveaux partenaires "grands émergents", l’Afrique a encore plus de raisons de coopérer dans les affaires internationales, que d’attendre la décision ses partenaires traditionnels, a estimé M. Héribert Adjovi, expert béninois en relations internationales, lors d’un entretien accordé récemment à l’agence Xinhua à Cotonou.
L’AFRIQUE RETROUVE UN CLIMAT DES AFFAIRES PLUS FREQUENTABLES AVEC SES NOUVEAUX PARTENAIRES
"Le fait que depuis une décennie, l’Afrique diversifie ses partenaires, est en soi une bonne nouvelle. Et puis, la Chine, l’Inde, le Brésil (en un mot les grands pays émergents) n’ayant pas un passé colonial, parce qu’ayant subi le poids de l’histoire comme l’Afrique, ont introduit une autre manière de coopérer avec le continent noir", a estimé M. Adjovi.
Pour la première de l’histoire de l’Afrique, a-t-il affirmé, les transactions autour des matières premières font l’objet d’une discussion préalable entre les partenaires.
"Etant, par ailleurs, des pays-continents, leur entrée sur le marché africain a fait flamber les prix des matières premières, notamment du pétrole, ce qui constitue une véritable bouée d’oxygène pour les économies africaines autrefois tétanisées par la détérioration des termes de l’échange", a-t-il souligné, estimant que l’Afrique entretient avec ses nouveaux partenaires des rapports basés sur le respect mutuel, l’amitié et le développement des projets réciproquement bénéfiques.
"Les gouvernements africains, avec ses partenaires "grands émergents", ne vivent-ils plus sous la hantise des coups d’Etat et des soulèvements populaires généralement cachés sous le prisme de revendications identitaires. Avec ses nouveaux partenaires, l’Afrique retrouve un climat des affaires plus fréquentable. Ces partenaires offrent des financements plus souples, des formations souvent adaptées, des réalisations dans les domaines des infrastructure à des prix très raisonnables", a-t-il salué.
En citant l’édition 2011 des "Perspectives économiques en Afrique", l’expert en relations internationales a révélé qu’en une décennie, les pays émergents se sont hissés au premier rang des partenaires de l’Afrique.
"Ils offrent des mécanismes nouveaux de financement au développement. La coopération ne se limite plus à l’exploitation des matières premières. Les pays émergents importent de plus en plus de produits manufacturés en provenance de l’Afrique", a-t-il indiqué, donnant l’exemple de la Chine, où plus de 500 produits africains ont reçu l’agrément pour pénétrer au marché chinois à tarif douanier zéro depuis le Forum Chine-Afrique de novembre 2006.
Pour lui, un tel climat politico-économique ne peut que dresser le lit à une coopération internationale plus accrue entre l’Afrique et ses grands pays émergents qui entretiennent déjà des liens étroits à travers les mécanismes mis en place par les Pays Non-alignés et du Tiers-Monde (aujourd’hui désignés sous le vocable de pays en voie de développement).
"D’un côté, l’Afrique et de l’autre les grands pays émergents, ont des raisons naturelles de se souder les coudes lors des grandes rencontres internationales", a-t-il souhaité.
L’AFRIQUE, UN CONTINENT SUREXPLOITEE PAR SES PARTENAIRES TRADITIONNELS
"Dans sa coopération avec ses partenaires traditionnels que sont l’Europe, mais aussi les Etats-Unis, l’Afrique était littéralement surexploitée", a déploré M. Adjovi.
Pour ce spécialiste des questions en Relations internationales, "le contraire aurait surpris, d’autant plus que les partenaires dont il est question ne sont rien d’autres, pour la plupart d’entre eux, que d’anciennes puissances coloniales, c’est-à-dire des pays comme la France, la Grande-Bretagne, la Belgique, l’Espagne qui, dans un passé à jamais ancré dans la mémoire collective, ont fait recours, manu militari, aux ressources minières et vivrières (du sol et du sous-sol africain : café, cacao, coton, bois, pétrole, diamant, bauxite, etc.)... au nom de l’effort de guerre lors des conflits mondiaux de 1914 et 1939".
Ainsi, a-t-il poursuivi, "après l’indépendance, la coopération entre le ’maître’ d’hier et les ’esclaves affranchis’ sont tributaires de centenaires de relations de domination et particulièrement désobligeantes entre une Afrique fournisseuse de matières premières achetées à vil prix (un prix d’ailleurs fixé par l’ancien colonisateur) par les grandes puissances et ces dernières qui reviennent vendre, à prix d’or, les produits manufacturés sur le continent noir. C’est ce qu’il est permis d’appeler : la détérioration des termes de l’échange".
En termes de réalisations de projets, a-t-il expliqué, "même si officiellement on parle d’appels d’offre, dans la réalité, bon nombre de gouvernements africains étaient obligés de se plier au diktat des anciennes puissances coloniales".
Il pense qu’ une telle atmosphère politico-économique ne saurait être favorable à une réelle représentation de l’Afrique sur la scène internationale.
"Représentant moins de 2% du Commerce international, l’Afrique, avec sa cinquantaine d’Etats, n’a pas une voix au chapitre lors des grands foras à l’échelle internationale, y compris aux Nations Unies où elle affiche souvent sa division, parce que certains Etats reçoivent des consignes de Paris, Londres, ou encore Washington, avant de se rendre aux grandes rencontres internationales. Ce qui fait que, parfois, alors même qu’à l’Union africaine (ancienne Organisation de l’Unité africaine) les chefs d’Etat et de Gouvernement se sont entendus pour parler d’une seule voix, des voix discordantes se font entendre sur le terrain au grand dam des plus irréductibles de la cause africaine", a-t-il déploré.

afriscoop.net

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