(Xinhuanet 20/12/2012) NIAMEY -- L'obstination du président nigérien Mahamadou
Issoufou à former un gouvernement d'union nationale, après plusieurs tentatives
sans effet, continue de défrayer la chronique dans tous les milieux au
Niger.
A l'occasion du 54e anniversaire de la proclamation de la
République, Le chef de l'Etat nigérien avait de nouveau appelé dimanche dernier
l'opposition politique à la formation d'un gouvernement d'union nationale, en
dépit de son refus.
Il faut également rappeler que dès sa prise de
fonction, en avril 2011, le président Mahamadou Issoufou avait invité, sans
succès, l'opposition, à participer à la formation d'un gouvernement d'union
nationale.
En effet, dans son entendement, l'idée de ce rassemblement et
de mobilisation ne constitue "ni une manœuvre, ni une tactique, comme pourraient
tenter de le penser les esprits septiques et méfiants".
"Dans l'hypothèse
où un jour un consensus venait à s'établir autour de cette formule, le
gouvernement d'union nationale ne doit pas être comme certains le craignent un
complot de la classe politique contre le peuple souverain en vue de se partager
les dépouilles de la République ; ne doit être ni le sanctuaire de l'impunité,
ni le lieu géométrique des manœuvres et intrigues politiques et politiciennes",
a-t-il expliqué.
Une semaine auparavant, cette idée de gouvernement
d'union nationale avait été suggérée, par le président de l'Assemblée nationale
du Niger, M. Hama Amadou, allié politique du président Issoufou dans l'actuelle
majorité qui dirige le Niger depuis bientôt deux ans.
Pour M. Hama
Amadou, l'option d'un gouvernement d'union nationale s'avère indispensable pour
l'intérêt du Niger.
"La stabilité n'est plus pour la classe politique
nigérienne un choix dans ces temps effrayants, mais une obligation ; un devoir
collectif qui appelle chacun à transcender ses sentiments et ses calculs ; un
devoir impérieux qui peut nous imposer à tous y compris au président de la
République, d'aller tous ensemble dans la même direction, ne serait-ce que
pendant quelques temps, pourquoi pas au sein d'un gouvernement d'union
nationale", avait-il estimé.
Hama Amadou a invité la classe politique,
tous bords confondus, à intégrer un gouvernement d'union nationale, si jamais le
président Issoufou faisait "cette proposition salutaire". Une idée rejetée par
l'opposition politique nigérienne regroupée au sein de l'Alliance pour la
réconciliation nationale (ARN), pour qui cette trouvaille de l'équipe dirigeante
"n'est qu'une absence de solution aux préoccupations de plus en plus fortes des
citoyens".
Pour l'ARN, conduite par M. Seyni Oumarou, adversaire
malheureux de Mahamadou Issoufou aux dernières élections présidentielle,
également président du Mouvement national pour la société de développement
(MNSD) du président Mamadou Tandja, renversé en février 2010 par un coup d'Etat
militaire, "l'argument sécuritaire, tant galvaudé, par nos autorités pour
appeler à un gouvernement d'union nationale, ne se justifie pas".
Aussi,
a-t-elle invité le président de la République Mahamadou Issoufou à "tirer toutes
les conséquences de son échec".
Dans tous les milieux, c'est le tollé
général : Si certains trouvent inopportune l'idée d'un gouvernement d'union
nationale (le Niger ne traversant actuellement aucune crise politique), pour
d'autres, par contre, intégrer l'opposition dans la conduite des affaires de la
cité est une bonne chose.
Pour Issaka Hassane, enseignant, "Zaki" (lion
en langue Haoussa), surnom donné à Mahamadou Issoufou pour sa fermeté, "le chef
de l'Etat sera seul comptable de la gestion de son régime, il a intérêt à
trouver les compétences qu'il faut pour exécuter le programme pour lequel les
Nigériens lui ont fait confiance. Il ne s'agit pas de mettre tout le monde dans
le gouvernement".
Dans le même sens, un autre, Arzika, conseille plutôt
au Président Issoufou et à son équipe de "dépolitiser l'administration". "Ce ne
sont pas les compétences qui manquent, c'est un problème de choix d'hommes",
devait-il affirmer.
Selon Mme Moussa, médecin, "il ne s'agit pas de
prendre les mêmes et de recommencer ; il faut sortir de ce cercle vicieux des
vieux politiciens véreux qui ont servi tous les régimes, sans aucun bénéfice
pour le pays depuis 50 ans. Aujourd'hui, le Niger regorge de jeunes talents qui
ne demandent qu'à servir leur pays".
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