(Le Monde 24/12/2012)
Le groupe islamiste Ansaru a revendiqué, dimanche 23 décembre, l'enlèvement d'un Français dans le nord du Nigeria, justifiant notamment ce rapt par le rôle de la France dans la préparation d'une intervention militaire au Mali. Le groupe Ansaru, qui serait lié aux islamistes de Boko Haram (un groupe islamiste tenu responsable de la mort de centaines de personnes dans le nord du Nigeria depuis 2009) menace la France d'autres attaques sur ses ressortissants, en particulier en Afrique noire.
Ansaru "annonce au monde, et surtout au gouvernement français, être responsable de l'enlèvement de l'ingénieur Francis Colump (...), 63 ans, qui travaille pour l'entreprise française Vergnet", peut-on lire dans son communiqué. M. Colump avait été enlevé mercredi soir par un groupe d'une trentaine d'hommes armés qui avaient attaqué la résidence de l'entreprise où il logeait dans l'Etat de Katsina.
"La raison de cet enlèvement est la position du gouvernement français et des Français vis-à-vis de l'Islam et des musulmans", ajoute le groupe, évoquant en particulier "le rôle majeur de la France dans l'attaque contre l'Etat islamique dans le nord du Mali". Les islamistes citent également la loi interdisant depuis 2011 la dissimulation du visage dans l'espace public en France et donc le port du voile islamique intégrale par les femmes musulmanes, qui porte selon eux "atteinte aux droits religieux."
UNE INTERVENTION AU MALI POSSIBLE DÈS LE "1er SEMESTRE"
En parallèle de cette revendication, le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian a affirmé dans la presse que l'intervention militaire de la force africaine pour chasser les islamistes armés du nord du Mali "pourra avoir lieu au premier semestre" 2013, avec le soutien de la France et des Etats-Unis – dans les domaines de la logistique, de l'observation, du renseignement et de la formation.
"La France apporte un soutien technique à la Cédéao (la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) dans la constitution d'une force capable d'aider le Mali a retrouver l'intégralité de son territoire", déclare le ministre dans un entretien au quotidien La Croix à paraître lundi. "Le concept opératoire est en train de s'affiner. L'intervention militaire pourra avoir lieu au premier semestre de l'année prochaine", précise-t-il.
"Pour l'instant, il n'y a pas de solution politique" à la situation au Mali, constate M. Le Drian, selon qui "les Etats de la région ont conscience des risques que représentent, pour leur sécurité, les agissements des bandes terroristes armées qui s'en prennent aux populations et se livrent à toutes sortes de trafics". Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté jeudi à l'unanimité une résolution autorisant "pour une période initiale d'un an", le déploiement d'une force internationale au Mali, mais des réserves demeurent quant à ses capacités.
Interrogé sur la situation des otages français au Sahel, M. Le Drian évoque "une logique infernale que nous ne pouvons pas laisser évoluer ainsi". "Nous nous occupons de très près des otages et faisons tout notre possible pour obtenir leur libération. Mais cela ne nous empêche pas de considérer que l'enjeu de l'intégrité du Mali est essentiel pour la sécurité de ce pays, comme pour celle de la France et de l'Europe", dit-il.
Le Monde.fr avec AFP
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