(Le Monde 12/12/2012)
L'ex-chef politique des rebelles libyens, Moustapha Abdeljalil, a été accusé mardi d'"abus de pouvoir" et d'atteinte à l'unité nationale dans le cadre de l'affaire de l'assassinat du chef d'état-major rebelle Abdel Fatah Younès en juillet 2011, a-t-on appris auprès du parquet militaire.
Moustapha Abdeljalil, ex-chef du Conseil national de transition (CNT), ancien organe politique de la rébellion, "a été accusé d'abus de pouvoir et de fractionnement de l'unité nationale", a indiqué à l'AFP Majdi Al-Baraassi, membre du parquet qui a participé mardi à l'interrogatoire de M. Abdeljalil. L'ex-chef du CNT "a été laissé en liberté sous caution mais une interdiction de voyager a été émise à son encontre jusqu'à sa comparution comme accusé devant le tribunal militaire de Benghazi le 20 février", a ajouté M. Al-Baraassi.
L'interrogatoire de M. Abdeljalil a eu lieu dans la ville d'Al-Marj, à 100 km à l'est de Benghazi, selon le parquet. Selon la même source, Mahmoud Jibril, qui était le chef du bureau exécutif du CNT au moment de l'assassinat du général Younès, a été convoqué par le parquet pour interrogatoire. M. Jibril est actuellement le leader d'une alliance libérale qui a gagné les élections législatives du 7 juillet en Libye.
DÉJÀ 13 PERSONNES INCULPÉES DANS LE MÊME DOSSIER
Le général Younès était le militaire de plus haut rang à avoir rejoint la rébellion contre le régime de Mouammar Kadhafi. Il avait été tué après avoir été rappelé du front pour un interrogatoire par des juges. M. Abdeljalil avait annoncé sa mort le 29 juillet 2011 en expliquant que le général avait été tué par un groupe armé au moment où il était en route pour un interrogatoire de plusieurs juges sur la situation militaire. Son corps brûlé et criblé de balles avait été retrouvé dans la banlieue de Benghazi.
Jusqu'ici, 13 personnes ont officiellement été inculpées dans ce dossier, dont un juge, Jumaa Al-Jazwi, qui a lui-même été assassiné en juin. Des membres de la puissante tribu des Al-Obeidi, à laquelle appartenait le général assassiné, avaient prévenu le mois dernier qu'ils prendraient eux-mêmes la justice en mains si les nouvelles autorités libyennes continuaient à "négliger le dossier" Younès. Et ils ont ouvertement accusé M. Abdeljalil d'avoir joué un rôle dans l'assassinat du général.
Moustapha Abdeljalil a été le dernier ministre de la justice sous Kadhafi, avant de rejoindre la rébellion en même temps que le général Younès. Abdelfattah Younès avait participé au coup d'Etat ayant permis à Mouammar Kadhafi d'accéder au pouvoir en 1969 et avait été son ministre de l'intérieur avant de faire défection au début de la révolte, en février 2011, qui a provoqué la chute et la mort de Kadhafi en octobre 2011.
Le Monde.fr avec AFP
12.12.2012 à 07h47• Mis à jour le 12.12.2012 à 08h37
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