mardi 17 avril 2012

Togo - Dissolution du RPT : la seconde mort d'Eyadéma

(L'Observateur Paalga 17/04/2012)
Lorsque le 5 février 2005, entre ciel et terre, Gnassingbé Eyadéma meurt alors qu'il se rendait en Israël pour des soins, le président togolais laisse à sa famille politique et à sa nombreuse fratrie un parti politique solide, le RPT, qui a su, 40 ans durant, régner sur le Togo, par la terreur. Elections truquées ou tronquées, opposants embastillés ou tués, toutes les méthodes étaient bonnes pour l'ex-sergent de la coloniale (qui revendiqua, en 1967, avoir tiré sur le premier président, Sylvanus Olympio, bien qu'il se rétracta plus tard) pour maintenir le pays sous le joug du RPT.
Même s'il est vrai que dans les années 90, cette suprématie fut contestée par un autre parti, le CAR de Me Yawowi Agboyibo (1).
Absous par les urnes une première fois en avril 2005, après la parodie surréaliste de dévolution du pouvoir intervenue le 7 février 2005, Faure Gnassingbé, le fils, savait tout le mal que pensaient ses compatriotes de ce parti-Etat qu'était le RPT. Et depuis plusieurs années déjà, on lui prêtait l'intention de créer un autre creuset politique, qui ne charrirait plus cette image négative qui collait au parti de son père.
Le jeune président avait du reste auparavant mis, par dose homéopathique, sur la touche certains éléphants du RPT et pris un peu ses distances avec cette formation, décriée. Un épisode rappelle bien cette méfiance de Faure vis-à-vis du RPT : il avait boudé sa propre investiture lors de la présidentielle de 2010, préférant y déléguer un de ses fidèles, preuve que les atomes n'étaient plus crochus entre lui et cette formation.
En célébrant les funérailles du RPT, ce 14 avril 2012 à Blitta lors de son 5e congrès extraordinaire, il a mis fin à toutes les supputations.
En faisant naître l'Union pour la République (UNIR) des cendres fumantes du RPT, il s'inscrit résolument dans une métamorphose de la pratique politique. Pourvu que les survivants du RPT ne répliquent pas les mauvais réflexes dans le nouveau parti, censé incarner un nouveau paradigme.
Certes, il aura besoin de l'expertise des Moussa Barry Barké, Dama Dramani et Esso Solitoki qui ont blanchi sous le harnais rpétiste. Mais le président de l'UNIR, qui n'est autre que Faure lui-même, devra s'impliquer pour que "la fédération de toutes les énergies au-delà des clivages politiques et de l'ancrage de la démocratie au Togo", qu'il veut chère à l'UNIR ne soit pas du pâté-carton.
En tout cas, c'est un événement majeur, une révolution politique au Togo, si et seulement si on fait véritablement table rase de certaines pratiques.
La naissance de l'UNIR tonne comme une seconde mort du père, figure tutélaire de la politique togolaise ces 4 dernières décennies.
Un parricide posthume, si l'on peut se permettre cette tautologie, que n'aurait sans doute pas désavoué celui qui repose désormais à Pya, lequel, il y a quelques années, avait vu en Faure celui à même de reprendre le sceptre familial pour continuer à diriger le Togo.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
Note :
(1) Aux législatives de 1994, le Comité d'action pour le renouveau (CAR) a battu, à la régulière, le RPT.

© Copyright L'Observateur Paalga

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