mercredi 18 avril 2012

Mali - Cheikh Modibo Diarra : la tête dans les étoiles, les pieds au Mali

(L'Observateur Paalga 18/04/2012) Ça y est ! Le Mali a enfin un chef du gouvernement intérimaire. Cheikh Modibo Diarra a été nommé, hier, Premier ministre par intérim du Mali. On savait qu’il faisait partie de la short list des premiers ministrables et le choix porté sur lui n’étonne ni le landerneau politique malien, ni ceux qui suivent de près la marche de ce pays.
Le nouveau chef du gouvernement, qui formera l’attelage bicéphale de l’Exécutif avec Diocounda Traoré, est quasi vierge en politique mais ce colosse à l’éternelle barbe poivre-sel, et qui a de la moutarde au cerveau est bien connu comme le loup blanc au pays de Modibo Kéïta. En outre, il est très proche du Médiateur Blaise Compaoré, et ceci pourrait expliquer cela.
Non content de suivre les galaxies, Cheikh Modibo Diarra s’intéresse depuis quelques années à la chose politique, puisqu’il était candidat à la présidentielle du 29 avril 2012.
Et en tombant dans la présente pétaudière malienne, il a là l’occasion de montrer qu’il est un homme d’Etat. Les défis sont immenses :
Ainsi, on a l’impression que les putschistes maliens sont partis, sans être partis. Passe encore qu’on pense à cette junte pour des strapontins, notamment le ministère de la Défense pour aller faire le coup de feu contre le MNLA ou ANSAR DINE dans le Nord du pays. Ou encore que le capitaine Amadou Haya Sanogo ait sa propre garde rapprochée, même si le fait que des mitrailleuses le suivent comme son ombre peut paraître excessif.
Mais cette propension à se promener toujours avec son bâton de commandement et, pire, à faire arrêter par exemple l’ex-PM d’ATT, Modibo Sidibé, soulèvent des interrogations auxquelles la CEDEAO, via le Médiateur, devra trouver des réponses. N’y a-t-il pas un nouveau locataire au palais de Koulouba, même s’il assure l’intérim ?
Tout semble indiquer que la junte n’a pas véritablement quitté les affaires et que Diocounda Traoré est là pour le décorum.
En vérité, à force d’avoir signé avec célérité cet Accord-cadre, le 6 avril dernier, il y a eu sans doute des détails de taille que ce texte ne règle pas, encore moins les 9 heures de conclave intermalien de Ouaga des 14 et 15 avril derniers.
L’urgence est donc de gérer d’abord les ambiguïtés de Bamako avant d’aller casser du Touareg dans les sables mouvants du septentrion malien.
C’est pourquoi la tâche prioritaire pour le désormais ex-Monsieur Microsoft-Afrique est de former un gouvernement et surtout de mettre au pas la soldatesque, en l’occurrence les membres de l’équipée putschiste du 22 mars 2012.
C’est donc un voyageur interplanétaire qui a la tête dans les étoiles, mais les pieds au Mali qui doit accoucher rapidement de résultats dans un Mali en pleine décrépitude. Il devrait en principe user de sa "science", et des pouvoirs colossaux qui lui seront dévolus, pour faire bouger les lignes. Bref, le Malien de la Nasa doit prouver qu’outre observer le firmament, et tâter des disques durs d’ordinateur, il sait aussi manager les hommes de tout un Etat.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

© Copyright L'Observateur Paalga

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