vendredi 13 avril 2012

Malawi - Joyce Banda, présidente porteuse d'espoir

(Courrier International 13/04/2012) Fervente militante des droits des femmes, Joyce Banda est, depuis le 7 avril, la nouvelle présidente par intérim du Malawi. Son accession au pouvoir, à la suite du décès du président Bingu wa Mutharika, apporte un certain optimisme quant à l'avenir du pays. Revue de presse.
Son accession au pouvoir n'a pas été une mince affaire. En effet, "le Malawi a mis du temps à confirmer la mort du président Bingu wa Mutharika", constatait l'International Herald Tribune. Mais, après plusieurs jours au cours desquels la télévision et la radio répétaient à l'envi que le président n'était pas mort mais hospitalisé en Afrique du Sud, le gouvernement s'est finalement résolu à annoncer la vérité à la population qui avait, de fait, déjà appris la nouvelle par le canal de Reuters ou de la BBC. Pendant ce temps, des proches du président défunt multipliaient les manœuvres en coulisses pour s'octroyer le poste présidentiel qui revenait pourtant légalement à la vice-présidente, Joyce Banda. Passée à l'opposition en 2010, celle-ci n'en restait pas moins la plus légitime pour remplacer Bingu wa Mutharika, à la tête du pays depuis 2004.
Dix jours de deuil national ont été décrétés et, à la grande surprise de la communauté internationale qui craignait un coup de force militaire, la vice-présidente, 61 ans, est officiellement devenue le 7 avril présidente du Malawi par intérim, ainsi que, comme le rappelle BBC News Online, "la deuxième femme à diriger un pays sur le continent" après la présidente du Liberia Ellen Johnson Sirleaf. Reconnue pour ses nombreux combats féministes, Joyce Banda semble aujourd'hui insuffler un nouvel espoir, davantage par son caractère et sa rigueur que par son genre, dans un pays marqué par les restrictions des libertés, la crise économique et le gel de l'aide internationale (notamment américaine et britannique) depuis 2011 en raison des dérives autoritaires du régime.
Choisie malgré les critiques des conservateurs comme vice-présidente par Bingu wa Mutharika lors de sa réélection en 2009, Joyce Banda n'a pas hésité à s'en affranchir et à passer dans l'opposition pour protester contre l'intention du président de désigner son propre frère comme successeur.
Si elle jouit d'une forte popularité sur la scène internationale, Banda suscite chez elle autant de critiques que d'éloges. Dès son accession au pouvoir, de nombreuses têtes de l'ancien gouvernement sont tombées. Dont celle de Patricia Kigali, ministre de l'Information, qui n'avait pas hésité à mentir aux Malawites quant à l'état de leur président, du chef de la police Peter Mukhito et d'autres proches de l'ancien président tels que le gouverneur de la Banque centrale ou encore le patron de la radio-télévision publique. Un grand ménage qui lui vaut des inimitiés : le site d'information malawite Nyasa Times rapporte ainsi, sur un mode grinçant, que "la télévision contrôlée par l'Etat, Malawi Broadcasting Corporation, est tellement obsédée par la mort du président Bingu wa Mutharika qu'elle a mis, elle aussi, quelques jours à remplacer son nom par celui de Joyce Banda dans le journal du soir".
En attendant la présidentielle de 2014, Joyce Banda aura de nombreux défis à relever. Elle devra avant tout "consolider ses soutiens politiques et améliorer les relations avec les donateurs internationaux", comme le rapporte African Argument. En effet, si la communauté internationale a salué le caractère pacifique de la transition démocratique, elle n'a pas encore, pour autant, rouvert son portefeuille.

Julia Küntzle
Courrier international

© Copyright Courrier International

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire