(L'Humanite 01/06/2010)
Greenpeace aurait décelé des concentrations anormales de radioactivité à proximité des sites exploités par le groupe français.
Areva se prend-t-elle le droit de polluer dangereusement le Niger ? Le géant du nucléaire français, qui exploite les mines d’uranium du pays depuis près de quarante ans, se fait sérieusement épingler par Greenpeace. L’ONG écologiste l’accuse, au bas mot, de négligence sanitaire à l’égard des populations locales et demande à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de mener une étude épidémiologique indépendante.
Dans un rapport publié début mai, elle dénonce l’irresponsabilité de la compagnie française dans sa gestion du processus d’extraction du minerai radioactif. « Les détonations et le forage ont entraîné la formation de grands nuages de poussière. Des déchets industriels et de la boue sont entassés à ciel ouvert et le déplacement de millions de tonnes de terre pourrait contaminer les réserves d’eau souterraines », affirme ainsi Greenpeace. Ce faisant, « des substances radioactives peuvent être rejetées dans l’air, puis s’infiltrer dans la nappe phréatique et les sols ». En bout de chaîne, des risques de cancers, de leucémies, de maladies respiratoires ou de malformations à la naissance.
Alors qu’aucune étude exhaustive ne permet à ce jour de mesurer l’impact de ces exploitations sur l’environnement local, l’ONG a effectué, en novembre 2009, une série de prélèvements à proximité des villes où opère Areva (1). « Sur 4 des 5 échantillons d’eau prélevés dans la région d’Arlit, la concentration en uranium était supérieure à la limite recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) », avance le rapport, qui multiplie ainsi les exemples. « Dans les rues d’Akokan, le niveau des taux de radiation était environ 500 fois supérieur aux niveaux normaux de fond », indique-t-il. « Une personne passant moins d’une heure par jour dans cet endroit serait exposée à une radiation supérieure au taux maximal annuel autorisé. » De quoi, effectivement, justifier une enquête plus poussée.
MARIE-NOËLLE BERTRAND
(1) En collaboration avec la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad, France) et le Réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire (Rotab, Niger).
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